Pascal Donat, Valotel : à l’assaut des tours Duo

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Pascal Donat, important franchisé d’Accor est un des deux associés qui vont installer en 2022, avec l’aide de Philippe Starck, l’hôtel MGallery au sommet de l’une des futures tours Duo parisiennes de Jean Nouvel. Une consécration pour ce professionnel qui a conduit le développement de son groupe familial avec beaucoup de pragmatisme.

Pascal Donat
Pascal Donat

L’ouverture d’un hôtel de 139 chambres et suites au sommet d’une des deux tours Duo qui s’élèveront dans le ciel du 13e arrondissement s’annonce comme un des principaux temps forts au printemps 2022. Le générique a de quoi faire rêver les amateurs d’architecture avec une conception des tours par Jean Nouvel. Concernant la réalisation de l’hôtel, Philippe Starck est aux manettes pour le compte de Laurent Taïeb, un de ses vieux complices avec lequel il a déjà créé Bon, ou Kong. Mais Laurent Taïeb n’exploitera pas seul cet établissement. Il est associé dans ce projet d’envergure à Pascal Donat. Cet hôtelier est moins connu du grand public, mais bénéficie d’une réputation éloquente dans son secteur. Son groupe familial, Valotel, fait partie des franchisés historiques d’Accor. Son père, dentiste de profession, a pris conscience très tôt de l’intérêt d’investir dans les franchises hôtelières. Il est ainsi devenu un des tout premiers franchisés de l’enseigne Novotel dès 1973. Il a par la suite largement développé son activité et ses enfants ont progressivement pris la relève de ce groupe familial très discret qui compte une vingtaine d’hôtels.

Depuis 2014, la moitié d’entre eux sont détenus par Laurence, la sœur de Pascal, au sein du groupe Valmavi. Pascal Donat détient les autres dans sa structure Valotel, qui assure également la direction administrative de Valmavi. Depuis plusieurs années, Pascal Donat a décidé de se retirer dans la course au nombre d’hôtels pour privilégier les établissements rentables. « Nous avons connu la crise financière, puis l’arrivée des Gafa et enfin la concurrence d’Airbnb, détaille-t-il. Depuis lors j’applique le principe FIB : Few Is Beautiful, j’ai préféré me recentrer sur des établissements bien placés, modernes et attractifs. Aujourd’hui avec dix hôtels, je réalise le même RBE qu’autrefois avec vingt. » C’est cette stratégie d’optimisation qui a conduit cet hôtelier de 57 ans à relever le défi des tours Duo. Son hôtel prendra place au sommet de la plus petite des deux tours. Il occupera les dix derniers étages et intégrera un restaurant et un bar qui off riront une vue panoramique sur la capitale à 122 mètres de hauteur. Fidèle à Accor, Pascal Donat a choisi MGallery, une jeune et prestigieuse marque du groupe pour gérer l’hôtel. Ce projet représente une véritable consécration car pour s’installer dans les lieux, Pascal Donat et Laurent Taïeb ont dû gagner le concours organisé par le promoteur québécois, Ivanhoé Cambridge.

Un groupe de plus en plus parisien

Aujourd’hui, Pascal Donat ne gère plus que trois hôtels (deux Ibis et un Mercure) dans son fief Valentinois. Il sort de ses terres et sa route le conduit de plus en plus souvent à Paris. Une de ses dernières réalisations était plus modeste puisqu’il s’agit de l’hôtel Flanelles ouvert en 2018 qui ne dispose que de 25 chambres. Mais les résultats de ce 4* à côté de l’Étoile sont très prometteurs. Presque au même moment, Pascal Donat créait le Belaroïa, à Montpellier, un établissement d’une autre dimension car ce 4*, situé près de la gare, intègre un vaste restaurant, baptisé Delagare qui connaît un certain succès dans la préfecture de l’Hérault. Et cet hôtelier est aussi restaurateur, il gère six restaurants liés à ses hôtels, dont deux Courtepaille. La restauration est même son premier métier. Après avoir étudié à Sciences po Lyon, puis obtenu un master d’ingénierie, il a travaillé quelques années chez Andersen consulting. Il a ensuite rejoint le groupe hôtelier familial et accepté la mission que lui confiait son père : diversifier le groupe dans la restauration. En quelques années, il est devenu un important restaurateur de Lyon en cumulant des adresses emblématiques comme la Mère Vittet, le Grand Café des Négociants.

Il est même devenu en 1999 le premier président non parisien du Leaders club. Mais progressivement, Pascal Donat s’est détourné de la restauration pour mieux se consacrer à l’hôtellerie. « Plusieurs raisons ont guidé ce choix, commente-t-il. D’abord, il est difficile d’être à la fois présent dans ces deux métiers. Il est aussi évident que l’hôtellerie est plus rentable que la restauration. À une époque toutefois, l’hôtellerie était un exercice un peu ennuyeux et formaté. La restauration off rait plus de diversité et permettait de créer. Ce n’est plus le cas, aujourd’hui, les hôtels ne se ressemblent plus et le développement des nouveaux projets requiert beaucoup de créativité. »Ce professionnel reconnaît que la crise de la Covid-19 a éprouvé son groupe, pour autant il n’est pas inquiet. Sa solidité financière lui vaut la confiance des banques. De plus, la diversité de ses implantations lui off re une forte résilience. Ses hôtels de province vont limiter les dégâts en finissant l’année avec des chutes d’activité de 30 %. Les établissements parisiens présentent en revanche des contre-performances plus inquiétantes avec des chutes de fréquentation de l’ordre de 70 %. Dans le même ordre d’idée, l’hôtellerie économique, un temps méprisée, apparaît comme une valeur refuge. Ainsi les quatre Ibis et le Campanile de Valotel tirent bien leur épingle du jeu.

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