Depuis l'automne dernier, Frédéric Puythorac préside aux destinées de The Originals, coopérative hôtelière fédérant 330 hôtels, répartis en six enseignes. Cette arrivée constitue un bouleversement de taille puisque la figure de son prédécesseur, Jean Lavergne, est étroitement liée depuis près d'un quart de siècle à ce groupement volontaire. Parti avec quelques dizaines d'hôteliers, Jean Lavergne, hôtelier aurillacois, est parvenu à fédérer des centaines d'établissements à travers la France et à constituer en 2018 The Originals, une coopérative modernisée, digitale et efficace.
L'hôtelier auvergnat a légitimement décidé de prendre du recul. Le passage de témoin s'est réalisé au moment charnière de la crise sanitaire. Secouée par une succession d'événements, la structure déplore le départ d'une bonne centaine d'hôtels, mais sort de la crise sanitaire renforcée, bien décidée grâce à sa centrale de réservation de continuer de reprendre du terrain aux Ota qui ponctionnent de lourdes commissions. Un des principaux objectifs du président est d'accentuer cette reconquête. Frédéric Puythorac a également à cœur de communiquer pour améliorer le taux de notoriété de The Originals. « Il faut qu'adhérents et salariés soient fiers de l'enseigne si nous voulons avancer vite, explique-t-il. Dans une coopérative, on n'impose rien, il faut convaincre. »
Ce fils d'ouvriers, né à Jonzac (Charente-Maritime), est arrivé dans l'hôtellerie par hasard. Après des études de géographie à l'université de Bordeaux, il est devenu enseignant à l'université de Pau et chercheur au CNRS. Spécialisé dans l'étude des climats tropicaux, il parcourait le globe pour travailler au Mali, en Équateur ou au Vietnam. Il a rencontré son épouse, Catherine, fille d'hôteliers dacquois, sur les bancs de la faculté. Après leur mariage, Ils ont souhaité se rapprocher des Landes. Pour réaliser ce projet, Frédéric Puythorac n'a pas hésité à abandonner en 1997 sa carrière de géographe. La solution de la reprise progressive de l'hôtel familial s'est vite imposée. « Comme j'avais des lacunes en management et en comptabilité, explique l'ancien universitaire. Pendant trois ans, j'ai suivi une formation en alternance à l'école de commerce de Pau. »
« Dans une coopérative, on n 'impose rien, il faut convaincre. »
Durant ce temps, il travaille avec ses beaux-parents et apprend concrètement le métier en passant par tous les postes. En 2005, il prend en main les rênes de l'établissement. Entreprise assez importante, les Thermes de l'avenue disposent d'un classement 3* et évoluent dans la catégorie City de The Originals. Avec ses 98 chambres, l'établissement fait partie des six gros hôtels de la cité thermale. En outre, il dispose d'un restaurant de 135 places assises, d'un spa et surtout d'un établissement thermal qui accueille les touristes et offre une synergie appréciable avec l'hébergement. En basse saison, l'entreprise emploie 32 CDI, mais en haute saison, avec l'intégration des saisonniers les effectifs montent à 60 personnes. Peu après avoir pris la direction de l'hôtel, Frédéric Puythorac a vite éprouvé la solitude de l'indépendant. Il concède avoir, à certains moments, regretté son ancien métier : « Parfois je rencontre d'anciens collègues et il faut remarquer que la vie d'universitaire n'est pas stressante alors que dans mon cas, l'angoisse de ne pas parvenir à équilibrer est coutumière. »
Cet hôtelier a vite compris la difficulté de commercialiser ses chambres et a pressenti la part déterminante que les OTA allaient prendre sur ce marché : « La centrale de réservation de la coopérative est le moyen d'échapper partiellement à l'emprise de Booking où d'Expedia, qui finissent par tuer la rentabilité des hôtels », assure-t-il.
Dès 2008, il a eu l'opportunité d'intégrer la coopérative. Jean Lavergne a vite repéré cet entrepreneur dynamique. Il en a rapidement fait un ambassadeur du sud-ouest avant de lui demander de siéger au conseil d'administration. Il lui a finalement proposé sa succession. Frédéric Puythorac a hésité avant d'accepter. Son établissement qui enregistrait un taux d'occupation très honorable, supérieur à 60 % a vu sa clientèle divisée par deux durant la crise sanitaire et le redémarrage de cette activité liée à un public senior, tarde à redémarrer. Mais il a relevé le défi et accepté de se partager entre Paris et Dax. Avant de prendre la succession, Frédéric Puythorac a occupé durant un an la présidence. Il a mis à profit cette période pour prendre son bâton de pèlerin et sillonner la France à la rencontre de ses adhérents. Il s'apprête bientôt à repartir sur les routes pour une nouvelle tournée avec l'objectif d'avoir rencontré au terme de ce marathon 60 % des hôteliers du groupement. En définitive, le géographe a renoué avec les voyages.