Décès de Valéry Giscard-d’Estaing

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L’ancien président de la République vient de s’éteindre à son domicile d’Authon des suites de la Covid 19. Il était âgé de 94 ans. Cet homme politique d’exception était le plus auvergnat de nos présidents de la République.

Pour de nombreux Français, l’ancien président Valéry Giscard-d’Estaing paraissait éternel. Son entrée parmi les immortels de l’Académie française, en 2003, avait contribué à renforcer ce sentiment. Même s’il ne siégeait plus au Conseil constitutionnel ces dernières années, il n’a jamais vraiment quitté la scène politique depuis 1956, date de son entrée au Palais Bourbon. Il avait toujours l’art de distiller de sybillins oracles dont ses successeurs faisaient les frais. C’est finalement, les suites de la Covid 19 qui ont eu raison de cet homme hors du commun. Il détenait depuis 2017 le record de longévité des présidents de la République. Le précédent était à l’actif d’Emile Loubet, décédé à près de 91 ans.
A l’occasion de sa disparition, les médias semblent enfin se souvenir des bienfaits de son unique septennat placé sous le signe de la réforme : la légalisation de l’IVG, la majorité à 18 ans, la modernisation économique de la France et surtout la construction européenne pour laquelle il a largement oeuvré. Mais après avoir été élu président de la République à l’âge de 48 ans, cet homme qui dans un livre aspirait à réunir deux français sur trois, est finalement devenu le mal aimé de la vie politique française. Sa grande intelligence l’a peut-être desservi en le coupant des courants populaires. On peut aussi constater que les deux grands fauves politiques qui lui ont succédé à l’Elysée ne lui ont pas laissé beaucoup d’espace.
Pourtant, il a occupé la plupart des fonctions de la République, de celle de maire Chamalières à celle de député européen. De 1959 à 1974, il fut l’inamovible grand argentier de la France avant d’occuper la fonction suprême. Il avait ainsi conquis le pouvoir au centre en s’appuyant sur une modeste formation politique, les Républicains Indépendants.

Le fief auvergnat

Battu en 1981 par François Mitterrand, Valéry Giscard-d’Estaing a alors tenté en vain de revenir au sommet de l’échiquier. Pour cela, il n’a pas hésité à aller rechercher sa légitimité à la base, dans son fief d’Auvergne dont il est redevenu député de la deuxième circonscription du Puy-de-Dôme 1984. En cela, il était le plus auvergnat de nos présidents, davantage que le Cantalien, Georges Pompidou ou le Corrézien, Jacques Chirac.
Il entretenait d’excellentes relations avec les Auvergnats de Paris. Les responsables de la fédération lozérienne se souviennent qu’il les avait reçus à l’Elysée pour le centenaire de leur association en janvier 1981. L’ancien chef de l’Etat a également présidé la Nuit arverne le 18 décembre 1999 au Méridien Montparnasse. Il était alors président de l’Auvergne, région à laquelle il va consacrer la dernière partie de sa vie politique en présidant durant 18 ans le conseil régional. Sa défaite électorale, en 2006 l’a, dit-on, profondément affecté. Il s’est dès lors éloigné de la vie politique active pour aller siéger au Conseil constitutionnel. Il a alors aussi pris ses distances avec l’Auvergne mettant en vente son château familial de la Varvasse, à Chanonat (Puy-de-Dôme) qui n’a finalement été vendu qu’au début de cette année. Pourtant, il n’a pas abandonné pour autant le Massif-central. En 2005, avec son frère Olivier, il s’est ainsi porté acquéreur du Château d’Estaing (Aveyron) où il a installé un musée consacré à son septennat. Pour ceux qui ont connu les années soixante-dix la visite de ces salles d’exposition renfermant des images un peu surannées, fait immanquablement naître un sentiment de nostalgie d’une époque outre l’on croyait encore fermement à des lendemains qui chantent. Il faudra encore des années avant que l’histoire vienne rendre justice à ce président qui a plus profondément marqué la France qu’il n’y paraît.

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