Groupe Clav : « Il va falloir aider les plus petits »

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Chaque semaine, L’Auvergnat de Paris et La Revue des Comptoirs donnent la parole aux restaurateurs, cuisiniers, pâtissiers, syndicats, fournisseurs et distributeurs, tous impactés par les nouvelles mesures sanitaires et la deuxième vague de la Covid-19.

Laurent Villa
Laurent Villa

Group Clav possède les marques Beef House, Tribeca et Beer and Beef, pour un total de dix restaurants, en plus de deux usines alimentaires, à Cannes et Aix-en-Provence et de l’application RX Club destinée aux restaurateurs dans le cadre de la gestion de leurs établissements. Les restaurants Beef House, situés principalement en région PACA, sont spécialisés dans les viandes du monde. Les brasseries Tribeca, qui disposent d’une carte plus diversifiée, sont notamment présentes à Lyon et à Plaisir, dans les Yvelines. Le groupe prévoit d’ouvrir en 2021 six nouveaux restaurants (cinq en France et un au Luxembourg) ainsi qu’une troisième usine, à Mouans-Sartoux, dans les Alpes-Maritimes.

L’Auvergnat de Paris (ADP) : Comment réagissez-vous aux annonces ?

Laurent Villa (L.V.) : J’ai toujours eu un état d’esprit positif et je le garde aujourd’hui. Toutes les aides d’Etat allouées sont plutôt positives et nous permettent d’aller de l’avant et de tenir. Mais il y a une partie de la restauration de petite taille qui passe au travers parce qu’elle n’a pas la structure pour obtenir ces aides. J’essaye de fédérer autour de moi pour tenter de créer un petit fonds obligataire. Nous avons obtenu des PGE donc nous avons la trésorerie pour passer la crise, il faudrait que nous puissions aider les petits en injectant une partie de nos PGE afin qu’ils puissent en bénéficier. Nous devons participer au soutien de notre métier, par passion déjà. Etant donné que la crise va durer et qu’il n’est pas sûr que les restaurants rouvrent au 20 janvier, comme l’a laissé entendre le Gouvernement, il va falloir aider les plus petits.

ADP : Les aides nouvellement annoncées sont-elles satisfaisantes ?

L.V. : Ce n’est pas une bonne cible. Les subventions que le Gouvernement accorde sont trop soumises à critères. Quand vous avez Emmanuel Macron qui annonce le versement de 20 % du chiffre d’affaires de 2019, la réalité est qu’il ne va pas au fond des choses. Il a mis des règles qui font que personne n’en bénéficiera, ou alors très peu. Ce n’est pas suffisant pour les petits restaurateurs. Le PGE va aider les grandes entreprises ou les moyennes, pas les petites parce qu’elles n’ont pas la confiance des banques.

ADP : Est-ce que vous nourrissez de l’inquiétude pour la survie des établissements fermés jusqu’au 20 janvier 2021 au minimum ?

L.V. : Nous sommes structurés sur le plan financier. Nous sommes une entreprise à taille importante donc nous avons le temps de passer la crise, mais je pense à toutes ces petites sociétés, à tous ces jeunes. Par ailleurs, les périodes de Noël sont des gros moments d’activité. Je ne me bats pas pour mon groupe, il est stabilisé. J’essaye juste, à mon petit niveau, de mobiliser. On doit être solidaire, en mettant tous un petit peu d’argent, quitte à en perdre. Aujourd’hui, on a obtenu des PGE, on peut très bien allouer 5, 6 voire 7 % du montant et les prêter. Tous ceux qui en ont bénéficié peuvent en faire profiter, dans des proportions raisonnables. J’y suis prêt.
Vous devez appliquer une mesure sanitaire pour tout le monde, sinon c’est injuste pour tous ceux qui travaillent, ce n’est pas faire confiance à la profession. En plus, nous sommes des professionnels de la restauration, nous avons mis en place les règles nécessaires pour que tout soit sous contrôle. Ce n’est pas normal que tous ceux qui investissent et payent leurs impôts soient administrativement fermés et n’aient le droit de rien dire. On veut bien payer les pots cassés de cette non gestion des hôpitaux et de la médecine générale, mais dans une certaine mesure, parce qu’à un moment donné il faut dire stop. On est obligé de subir cette fermeture-là, je ne la conteste pas dans le fond, parce qu’on n’a pas le choix. Mais nous n’avons pas anticipé. Mais comment aidez-vous tous ceux qui vont mourir ? Il faut essayer de mobiliser ensemble toute une profession.

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