La décision d'interdire les chauffages de terrasse prise à Rennes inquiète les restaurateurs parisiens, pour lesquels ce stratagème est devenu un argument commercial décisif. Bien sûr, il est aberrant du point de vue écologique de chauffer des lieux ouverts aux quatre vents, mais il faut aussi reconnaître que cette pratique est anecdotique par rapport au problème global du réchauffement climatique. Il est peu probable que les conditions de vie des ours blancs sur la banquise soient améliorées par un sacrifice général du confort en terrasse. D'ailleurs, on voit mal la maire de Paris imiter son homologue rennaise et cela, pour deux raisons. D'abord, la vocation touristique internationale de la capitale bretonne reste limitée, contrairement à Paris, où les terrasses animées constituent un atout des plus vendeurs, comme le démontre la récente démarche entreprise pour le classement Unesco de ces lieux. Si les exploitants acceptent d'investir de fortes sommes dans le chauffage de terrasse, dans l'énergie et dans les droits de voirie, ils ont sans doute de bonnes raisons pour le faire. Ensuite, la maire de Paris ne perd pas de vue l'aspect financier. Comme le rappelle Maître Meilhac, avocat spécialisé dans les terrasses, « les droits de voirie générés par l'installation de chauffage et d'écrans ont conduit à une hausse des recettes pour la Ville, de 30 M€ en 2010 (un an avant la réforme) à plus de 50 M€ par an aujourd'hui ». Dans un contexte où la Ville recherche de nouvelles recettes, il y a fort à parier que l'équipe municipale privilégie à l'avenir une logique purement financière en accentuant encore le montant ce droit de polluer.