La consommation d’alcool interdite sur la voie publique

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Au lendemain de l’allocution d’Emmanuel Macron du 31 mars dernier, le Premier ministre Jean Castex a annoncé que la consommation d’alcool était dorénavant interdite sur la voie publique. Une mesure qui vise à endiguer la propagation du Covid-19 alors que l’alcool est accusé de provoquer divers attroupements, rassemblements et autres festivités malvenues en temps de pandémie.

Les professionnels du CHR voient de nouveau rouge, à l’instar de cet exploitant du 10e arrondissement de Paris, qui souhaite conserver l’anonymat : « Nous avons encore été prévenus la veille pour le lendemain. Je viens de percer un fût de 30 litres, je n’ai plus qu’à le jeter à la poubelle. On ne va pas être naïfs, ce qui fait venir les gens, et notamment les jeunes, c’est la vente de bières pressions à emporter. Si c’est pour faire 200 € par jour, j’aime autant fermer. »

Alors que les beaux jours faisaient leur retour, les exploitants profitaient de la vente d’alcool à emporter pour grappiller du chiffre d’affaires. Dorénavant, ils ne pourront vendre que des bouteilles, mais uniquement dans le cadre de la vente d’un plat en VAE, livraison ou click & collect. Marcel Benezet, président de la branche des cafés, bars et brasseries au GNI, met d’ores et déjà en garde les restaurateurs. « Il faut faire très attention, les contrôles vont s’intensifier. Aujourd’hui la vente à emporter d’alcool seule est strictement interdite. Et même si l’exploitant sert de la bière pression dans un gobelet avec un plat à emporter, la police le sanctionnera. On ne peut plus vendre que des bouteilles avec des plats », martèle-t-il. Le risque est lourd pour les tenanciers qui s’exposent ainsi à des fermetures administratives et, par voie de conséquence, pourraient perdre les aides financières accordées par l’Etat. « Mon téléphone n’arrête pas de sonner, on me dit que si on ne peut plus vendre d’alcool ce n’est plus la peine d’ouvrir… La vente de café ne représente rien, donc les professionnels sont plutôt énervés », confie Marcel Bénézet.

Jusqu’à présent, les professionnels du CHR avaient bénéficié d’une tolérance relative, même si certaines rues ou places, notamment à Paris, avaient été frappées d’arrêtés interdisant la consommation et la vente d’alcool sur la voie publique. Aujourd’hui, le tour de vis final a été donné et le nombre exploitants ouverts est déjà réduit à la portion congrue. Selon Marcel Benezet, certains patrons ont évoqué la possibilité de transgresser ces nouvelles règles ; une bravade qui pourrait coûter très cher, même si le responsable patronal reconnaît qu’il s’agit là « d’une question de survie. » Et de conclure : « C’est un nouveau coup d’arrêt, cela nous met un coup de massue sur la tête, notamment pour ceux qui n’avaient pas d’aides car ils venaient de reprendre un établissement. On nous rend presque responsable de la situation. »

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