La saison touristique bat son plein

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La capitale de l’Auvergne bénéficie d’un tourisme de loisir traditionnellement important durant la période estivale. Les CHR captent ainsi une clientèle essentiellement française qui n’a pas renoncé à ses vacances et se concentre sur des destinations régionales d’envergure.

Voilà deux ans que Valentin et Clément Degenne sont à la tête de la Brasserie Madeleine, située sur la très touristique place de la Victoire, à Clermont-Ferrand. Précédemment exploité sous l’enseigne Taverne de Maître Kanter, l’établissement draine une large clientèle. Les Degenne évoluent en famille (sous la direction de Bernard et Dominique Degenne) et disposent d’affaires similaires à Tours ou à Orléans, et viennent d’ouvrir au Mans, en plus de leur brasserie clermontoise.

Valentin et Clément Degenne, gérants de la Brasserie Madeleine.Ⓒ M. R. – ACDV

« Nous recherchons des affaires de centre-ville, munies de vastes terrasses et d’une large capacité à l’intérieur », résument les deux frères. Après d’importants travaux en janvier, la Brasserie Madeleine a rouvert ses portes quelques semaines avant le confinement. Période durant laquelle 45 salariés ont été placés en chômage partiel. Depuis la réouverture des établissements le 2 juin, la fréquentation a repris au bout d’une dizaine de jours. D’abord la clientèle locale a fait son apparition, ensuite très vite relayée, au début juillet, par les touristes. « À 90 %, notre chiffre d’affaires provenait de l’activité restauration. Aujourd’hui, on voit que l’activité limonade a pris beaucoup d’ampleur, tandis que le ticket moyen, pour la partie restauration, a augmenté », expliquent Valentin et Clément Degenne. En temps normal, les deux frères assurent 300 couverts par jour en moyenne et 600 les samedis et dimanches. Depuis le début de la saison touristique, cette moyenne a grimpé à 400 couverts/jour en semaine et à 700 couverts/jour les week-ends (50 % de touristes et 50 % de locaux). 

Pierre-André Levy, patron du Magma Café.Ⓒ M. R. – ACDV


De l’autre côté de la place de la Victoire, on distingue un imposant store rouge vif abritant un vaste bar restaurant. L’établissement se nommait autrefois La Dernière Séance. Sous l’égide de Pierre-André Levy qui a racheté les lieux en 2002, la brasserie a adopté le nom de Magma Café. De trois salariés au moment du rachat, on dénombre aujourd’hui 16 employés. Le Magma fait lui aussi figure de gros porteur avec 130 places en terrasse et un volume équivalent en salle. Pour Pierre-André Levy, la fermeture obligatoire des établissements en mars dernier a été particulièrement douloureuse. Il ne travaille que des produits frais et se fait livrer deux fois par semaine, dont le vendredi. Plutôt que de jeter la marchandise, le personnel ainsi que le voisinage ont profité des différentes denrées. Alors que l’ensemble des salariés avait été placé en chômage partiel, Pierre-André Levy a rouvert les portes de son établissement le 4 juin. « Je n’imaginais pas une telle reprise… Nous sommes situés sur la place de la Victoire et nous travaillons très bien. Du côté de la restauration, la reprise est limitée. Mais, côté limonade, nous avons pu nous rattraper », confie-t-il. La distanciation sociale a contraint le patron à réduire la voilure, mais la mairie lui a octroyé des places supplémentaires en terrasse, lui permettant ainsi de compenser le manque à gagner. Il a mis à profit la période du confinement pour réaliser des travaux au Magma Café. « On s’est retrouvés avec une trésorerie ridicule, mais les affaires ont repris petit à petit. Les touristes opèrent doucement leur retour, tandis que les Clermontois sont au rendez-vous. Traditionnellement, à Clermont, la saison débute après le 14 juillet » , commente-t-il. Placé à proximité de la cathédrale et de l’office de tourisme, l’établissement draine aujourd’hui 70 % de clientèle touristique.


« NOUS AVONS SENTI LE VENT TOURNER »

À l’écart de l’agitation touristique du centre-ville, le gérant du Bouchouneir, Philippe Decouzon, assistait, au début de l’été, à une activité plus contrastée mais satisfaisante, au regard de la situation sanitaire : « La fréquentation a été calme au mois de juin, mais nous avons senti le vent tourner début juillet », assure-t-il. Cet ancien rugbyman professionnel qui a ouvert son affaire en 2015 voit son chiffre d’affaires n’atteindre que 70 % de ses performances habituelles, mais il attire la clientèle locale qui fréquente de nouveau les établissements clermontois.

Philippe Decouzon dirige Le Bouchouneir.Ⓒ M. R. – ACDV


Du côté de la restauration étoilée, Angélique et Jean-Claude Leclerc, du restaurant Jean-Claude Leclerc, sont parvenus à faire le plein dès la réouverture des établissements. En cette période estivale, le restaurant étoilé du couple ne désemplit toujours pas. Au début du mois de juillet, le chef Jean-Claude Leclerc se félicitait d’une belle fréquentation, encourageante, pour son établissement, qui compte moins de 40 places assises. « Si nous assurons une moyenne journalière de 30 couverts, je considère que nous travaillons », calcule le chef. Son établissement attire beaucoup de locaux, mais il peut se targuer d’accueillir une part non négligeable de touristes. La semaine du 6 au 12 juillet, Jean-Claude Leclerc a vu en effet son ticket moyen grimper jusqu’à 200 €, une performance. « Nous avons profité du succès de la destination France, avec des touristes qui ont choisi de ne pas quitter le pays », souligne-t-il.

Même son de cloche chez Xavier Beaudiment, le chef propriétaire du restaurant Le Pré. « Pour la petite restauration, c’est compliqué car il y a beaucoup de télétravail du côté des salariés. Pour la restauration gastronomique et semi-gastronomique, la fréquentation est plutôt bonne », confie le chef doublement étoilé. Même s’il n’affiche pas complet à tous les services, le chef se félicite tout de même que son menu du midi à 39 € affiche un franc succès. « Je suis content, car certains clients reviennent ainsi toutes les semaines », justifie Xavier Beaudiment. De plus, ce dernier a mis en place une politique de promotions tarifaires pour les moins de 30 ans : chaque jeudi soir, ils peuvent ainsi bénéficier de -30 % sur leur addition. « Demain, ce sont eux qui viendront manger ici » , affirme le chef du Pré.


L’hôtellerie reprend des couleurs

Marie Bergami, directrice de l’hôtel Eklo. Ⓒ M. R. – ACDV


« Nous avons rouvert nos portes le 22 juin », annonce-t-on au Kyriad Prestige de Clermont-Ferrand. Les propriétaires de cet établissement classé en quatre étoiles disposent également d’une seconde unité, toujours sous enseigne Kyriad, mais en trois étoiles. Ce dernier établissement est demeuré portes closes, faute de réservations. En attendant, il bénéficie de travaux de rénovation. « Du 22 au 30 juin, l’activité était faible. Mais le début du mois de juillet, la situation s’est inversée », explique l’un des employés du Kyriad Prestige. L’hôtel, qui dispose de 81 chambres, a commencé la saison avec un taux d’occupation ne dépassant les 30 %. Très vite, ce taux a doublé ; atteignant des pics de 80 %. Marie Bergami, directrice de l’hôtel Eklo, assiste elle aussi au redémarrage avec la clientèle de loisir. Après avoir rouvert l’hôtel le 8 juin, l’établissement reçoit notamment la clientèle d’affaires liées notamment aux activités du groupe Michelin. La période estivale est propice pour les clientèles touristiques et familiales. « Nous sommes bien situés, à proximité de la gare et des axes autoroutiers. Ce qui nous permet donc de drainer une clientèle de loisir à 90 % », rapporte Marie Bergami. Mais la crise sanitaire a imposé à Eklo de ne pas commercialiser ses dortoirs au lit (l’hôtel mixe les codes de l’auberge de jeunesse et de l’hôtellerie économique), les réservant aux groupes et notamment aux familles de passage. 

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