La Ferrandaise, race bovine du Puy-de-Dôme, est régulièrement invitée au Salon de l’agriculture. Avant d’arriver porte de Versailles, l’éleveur, Yvon Chauttard, fait une halte avec son animal, rue Vaugirard, au restaurant La Ferrandaise, l’ambassade parisienne de la race où le patron, Gilles Lamiot, n’a jamais ménagé sa peine pour faire connaître cette viande. Ce cheptel ne comptait plus qu’une cinquantaine de têtes dans les années 1970, mais aujourd’hui, un troupeau de 2 200 vaches fait la fierté du département. Gilles Lamiot a ainsi contribué à sa manière à la sauvegarde de la biodiversité. Vendredi dernier,
il avait organisé cette fête en conviant la vache Areine, rue de Vaugirard. Éleveur attentionné, Yvon Chauttard avait disposé de la paille sur le trottoir pour assurer le confort du bovidé. Très vite, ce qui n’était qu’un clin d’œil de l’Auvergne aux Parisiens s’est transformé en cauchemar. Une photo, postée sur les réseaux sociaux, a tourné en boucle, suscitant l’indignation dans les milieux vegan et animaliste. La fondation 30 Millions d’amis a effectué un signalement aux services vétérinaires. Assailli de mails et de messages téléphoniques haineux, le patron de la Ferrandaise a même reçu des menaces de mort à l’heure où Areine faisait de beaux rêves sur sa paillasse du Salon de l’agriculture. Depuis les années 1950, les choses ont changé. À l’époque, la brasserie Marty, avenue des Gobelins, faisait venir un bœuf gras vivant qu’elle exposait plusieurs jours devant sa vitrine avec un écriteau indiquant à partir de quelle date la viande de l’animal serait servie dans les assiettes du restaurant. À l’époque, les riverains comptaient les jours qui les séparaient de ce festin. Aujourd’hui, ils crient au scandale sur Twitter.