L’Adour, berceau du kiwi

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Un quart des volumes de kiwis français est produit en vallée de l’Adour. Comment cette liane originaire de Chine a-t-elle pris racine dans ce petit coin du Sud-Ouest, puis fructifiée au point de se voir récompensée par une indication géographique protégée et un Label Rouge ?

Dans les années 1960, un agronome du nom d’Henri Pédelucq rapporte d’un voyage en Nouvelle-Zélande plusieurs plants de kiwis. Là-bas, cette drôle de liane aux fruits poilus, importée de Chine, est cultivée avec un succès croissant. L’homme est convaincu que le climat des pays de l’Adour sera favorable. « Il a d’abord été moqué, mais il avait raison : ses essais se sont révélés très concluants » , raconte Jean-Marc Poigt, producteur et président de l’organisme de défense et de gestion des kiwis de l’Adour. Le climat océanique doux et humide de la région convient à merveille au nouveau venu, qui est vite adopté par les arboriculteurs locaux. « Chaque année, de nouveaux producteurs se lançaient, poursuit Jean-Marc Poigt. Aujourd’hui encore les projets de vergers se multiplient, portés notamment par des éleveurs de canards mis en difficulté par l’épidémie de grippe aviaire. » L’excellente qualité des kiwis de l’Adour est doublement certifiée par un Label Rouge et une IGP. « C’est un fruit qui exige beaucoup de travail, mais qui nous le rend bien, reprend le producteur. De la taille à la cueillette, tout est manuel. Sa culture ne nécessite aucun traitement phytosanitaire, à l’exception de cuivre, comme en vigne. Et encore, l’ensemble de la filière est engagé dans une démarche de réduction pour tendre vers un maximum de naturel. »

« Un kiwi de l’Adour, vous pouvez le consommer coupé en deux à la petite cuillère. » 

Les fruits sont cueillis à maturité entre octobre et novembre, puis affinés en chambre froide pour atteindre la teneur minimale en sucre imposée par le cahier des charges. « On recherche un double équilibre entre acide et sucré, fermeté et fondant. Un kiwi de l’Adour, vous pouvez le consommer coupé en deux à la petite cuillère. » Une qualité sans commune mesure avec la concurrence grecque ou italienne dont les fruits, trop souvent cueillis en sous-maturité, se révèlent difficiles à manger tant ils sont durs. Ses qualités esthétiques en font également un fruit recherché pour ajouter une touche de couleur aux préparations salées comme sucrées. Si la variété verte « Hayward » est la seule autorisée par le cahier des charges de l’appellation, le kiwi jaune a fait depuis quelques années une apparition remarquée sur le marché des primeurs. Dépourvu d’acidité, celui-ci offre une alternative aux palais sensibles et plaît particulièrement aux enfants. Autre atout de taille (et peu importe la couleur !), le kiwi est un superaliment santé, plus riche en vitamine C que la plupart des agrumes. « D’ailleurs, dans le contexte Covid, les consommateurs sont très en demande », constate Jean-Marc Poigt. « Les ventes en grandes surfaces ont bondi. L’arrêt de la restauration hors domicile a considérablement affaibli le débouché marché de gros. Tous les volumes sont aujourd’hui absorbés par la grande distribution. »

Fiche technique

– Cueillette manuelle à maturité

– Teneur garantie en sucre

– Poids : 90 g au minimum

– Aires d’appellation : Landes, Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Gers

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