Le camelot du terroir

  • Temps de lecture : 4 min

Le jeune présentateur, dont l’image est désormais indéfectiblement liée au triporteur de Télématin, vient d’ouvrir une épicerie dans le quartier de la Bastille. On peut y découvrir quelques-unes des spécialités françaises que l’animateur a dénichées lors de ses reportages.

Le chroniqueur gastronomique de Télématin, Loïc Ballet, est passé aux travaux pratiques. Au mois de juillet, avec une associée, Élodie Charras, il a ouvert une épicerie, rue Sedaine (Paris 11e), dans le quartier de la Bastille. Il nourrissait ce projet depuis plusieurs années. Comme beaucoup de gastronomes, il a d’abord caressé l’idée d’ouvrir un restaurant, puis y a renoncé. « J’ai vite compris que la restauration était un vrai métier ! » explique-t-il avec humilité. Il s’est aussi souvenu de ce que lui confiait l’un de ses mentors, Jean-Pierre Coffe, avec qui il a animé l’émission radiophonique Ça se bouffe pas, ça se mange : « Ce ne sont pas les chefs qui comptent, ce sont les produits ! » L’idée de l’épicerie s’est ensuite naturellement imposée.

L’incursion du jeune présentateur dans ce secteur est tout à fait légitime. Du haut de ses 35 ans, il est déjà un pilier de France 2, chaîne pour laquelle il a déjà effectué 394 reportages, sillonnant infatigablement la France avec son célèbre triporteur rouge qu’il emmène dans les lieux les plus improbables, comme au sommet du Mont-Saint-Michel ou au pied du pont de Millau, comme ce fut le cas il y a deux semaines à l’occasion du passage du tour de France dans la sous-préfecture aveyronnaise. Le costume de conducteur du Triporteur de Télématin lui va comme un gant. Il a pris en main l’émission il y a sept ans, faisant oublier ses deux prédécesseurs, David Martin et Gontran Cherrier qui, à eux deux, sont loin d’avoir atteint cette longévité dans l’émission.


Loic Ballet fait partager sa passion des produits aux téléspectateurs

Il fait partager sa passion des produits aux téléspectateurs en les entraînant dans les chemins de traverse du terroir français. La carte des routes départementales françaises n’a plus de secret pour lui. « J’adore les découvertes, cela vient de mon enfance, raconte-t-il. J’ai grandi à Saint-Étienne et dès l’âge de 4 ou 5 ans, j’ai fait du théâtre. Un jour, j’ai été casté pour une pièce. C’est ainsi qu’à l’âge de 8 ans je me suis retrouvé durant un mois au festival d’Avignon avec une troupe professionnelle. J’ai découvert un autre monde et cela a éveillé ma curiosité perpétuelle. »

UN ENFANT DE LA TÉLÉ

À 17 ans, il obtient une émission à la télévision locale de Saint-Étienne (Loire) et commence à distiller ses découvertes touristiques ou gastronomiques rurales aux téléspectateurs. « Je n’avais pas le permis de conduire, se souvient-il. Le cadreur venait me chercher chez mes parents en voiture pour m’emmener sur les lieux de tournage. » Sa voie est alors toute tracée. Après un passage à l’École supérieure de journalisme de Montpellier et dans une école d’histoire de l’art, le Stéphanois intègre France Inter pour seconder Jean Pierre-Coffe. Ses talents de comédien et de journaliste taperont ensuite dans l’œil de William Lemeyrgie, qui l’oriente vers l’émission C’est au programme , avant de lui confier le Triporteur, emblématique de Télématin.

« Mon épicerie n’a rien à voir avec une boutique de luxe. »

Ce Stéphanois, dont la physionomie rappelle celle de Tintin, ne répugne pas à effectuer de nombreuses incursions professionnelles chez ses voisins auvergnats. Il affectionne le Massif central, et sillonne fréquemment cette région riche en produits exceptionnels. Naturellement, il fait la part belle à ses découvertes. Dans L’Épicerie de Loïc B., on trouve la bière Sulfurix cantalienne, la gentiane Couderc, les vins de Pierre Desprat, le Salers Tradition, l’huile de colza grillé bio du Moulin de Montbrison, les thés FBKT, mais aussi les ravioles de la mère Maury, la bière normande de Saint-Wandrille, la seule brassée en France dans un monastère. Chaque produit revêt un caractère singulier, exceptionnel. La boutique, qui décline 200 références, est en contact avec une centaine de producteurs. « Cette relation directe que nous entretenons nous permet de supprimer des intermédiaires, assure Loïc Ballet. Ainsi nous pouvons proposer des prix raisonnables. Mon épicerie n’a rien à voir avec une boutique de luxe. »

De fait, la boutique qui fait face au Café de l’Industrie s’est parfaitement insérée dans ce quartier, dont la gentrification s’est effectuée ces dernières années. La célébrité cathodique de l’animateur, son accessibilité et son dynamisme concourent bien sûr au succès de l’enseigne. Il faut voir le sourire des clientes quand elles le voient jongler avec une meule de salers qu’il vient d’extraire de la vitrine réfrigérée. Deux mois après son ouverture, l’épicerie peut déjà compter sur une clientèle locale appréciable. La terrasse du magasin propose une restauration légère composée de tartines et de planches agrémentées des bières et des vins vendus dans le magasin. Cette manière de faire découvrir les produits en dégustation a permis d’accélérer significativement la fréquentation.

PARTAGER