L'affaire remonte déjà à quelques mois, mais elle illustre une problématique d'actualité, celle du recrutement et, dans son sillage, la notion d'attractivité de l'emploi. En plein mois de juillet 2018, Le Moulin Noyé baissait définitivement le rideau dans la commune de Glénic (Creuse).
Stéphane Marchand, le chef propriétaire de ce restaurant, n'était pas parvenu à recruter de nouveaux cuisiniers pour l'épauler durant la saison. Une façon de tirer la sonnette d'alarme sur un monde de la restauration qui peine à recruter et à fidéliser. Lors du Comité interministériel du tourisme organisé le 17 mai dernier, les différents acteurs de la branche et le Gouvernement ont donc décidé de miser sur la formation et les conditions d'emploi (voir page 3). Car si pour certains, les métiers du CHR relèvent de la passion, pour d'autres, ils ne sont qu'une façon de gagner sa vie, des « jobs » dont les émoluments devraient être très séduisants et dont l'emploi du temps ne serait pas calqué sur les contraintes horaires inhérentes aux métiers de la restauration. Avec environ 100 000 emplois non pour vus chaque année dans la branche, l'urgence est de repenser l'attractivité des postes, qu'ils soient en salle ou en cuisine. Un paradoxe quand on connaît l'intérêt des Français pour la gastronomie et ses métiers. Le secrétaire d'État au tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, qui bénéficie d'un capital sympathie favorable auprès des principales organisations patronales, le reconnaît lui-même : « L'outil de formation initial tourne bien, mais les jeunes ont tendance à ne pas rester dans la filière. » Il semblerait que le secteur se remette en cause face à l'incapacité d'enrayer la pénurie de main d'œuvre. Prochainement, une plate-forme numérique unique « de valorisation des métiers et des formations » devrait notamment être mise en place. Elle aura pour mission de mettre en relation l'offre et la demande et de contribuer à juguler le déficit de candidats.