Ne parlez pas de vendanges à René Reynard, président de l’AOP muscat du Ventoux, mais de cueillette. « Les vendanges, c’est un acte de récolte sans ménagement », rectifie le producteur, exploitant à Mazan, dans le Vaucluse. « Le raisin du Ventoux, il faut le soigner, le manipuler avec soin, notamment pour éviter d’enlever la pruine qui enveloppe la peau. On le cueille avec beaucoup de précautions. C’est depuis toujours une opération délicate, tout se fait à la main. Il faut ciseler les grappes une par une, ne pas toucher les grains… C’est de la haute couture ! » Chaque année, la récolte mobilise près de 2 000 cueilleurs saisonniers. 150 producteurs ont revendiqué l’appellation cette année, la seule du genre en France pour un raisin de table noir. Riche en productions diverses, la région qui s’étend d’Apt à Avignon regroupe également une production de vin AOP (côteaux du Ventoux), de cerises IGP et englobe une partie de la zone d’appellation « olives de Provence ».
La prune, gage naturel de fraîcheur
Implanté dans la vallée du Calavon et au pied du Ventoux au XVe siècle, le « Moscato di Amburgo » est un très ancien cépage issu du bassin méditerranéen, et qui a su se faire une place parmi les plus grands. Originaire d’un petit village italien proche de Florence, il est aujourd’hui cultivé jusque dans le vignoble californien ! Mûr de la fin août à la mi-novembre, ce raisin à la saveur puissante est apprécié pour ses grains bleu-noir très sucrés et sa peau fine. Une particularité qu’il doit à la présence d’anthocyanes, des pigments naturels riches en antioxydants, dont l’alternance des journées chaudes et des nuits froides favorise le développement. Le muscat du Ventoux réserve en bouche d’étonnantes sensations, entre le sucré et l’acidulé, libérant des arômes d’une grande richesse : violette, rose, cassis, framboise… et même cacao ! La pruine, ce léger voile blanc qui recouvre les grains du raisin, est en fait constituée de petites paillettes de cire que le fruit émet naturellement en grossissant afin de se protéger de la chaleur. Très fragile, cette pellicule naturelle est par sa présence un gage naturel de fraîcheur du fruit.
Comme beaucoup de productions fruitières, le muscat du Ventoux a subi cette année les effets du gel survenu au printemps. Selon René Reynard, entre 50 et 60 % des tonnages seraient passés par pertes et profits. « Heureusement, contrairement à presque partout ailleurs en France, l’été 2021 a été chaud en Provence. Et comme nous sommes raccordés au canal de Carpentras, nous avons pu irriguer nos coteaux et nous nous en sommes bien sortis. » Conséquences, moins de grappes cette année sur les étals… mais toujours d’une qualité exceptionnelle.
Fiche technique
– Aire d’appellation : 56 communes du Vaucluse
– Cépage muscat de Hambourg
– Récolte manuelle
– Pruine intacte
