Des motifs iconiques pour habiller les tables et les hôtels, pourquoi pas ? Le Tissage de Luz peut se targuer de se hisser au rang d'emblème d'une région. Au Pays basque, ces rayures colorées nappent les maisons et les jardins. Dans la famille Gouze, c'est la 5e génération qui perpétue cette tradition ancestrale. Les premières traces de cette famille de tisserands basques remontent à 1908, « mais vraisemblablement, on tissait déjà depuis longtemps. À l'époque, on fabriquait les trousseaux de famille en allant de ferme en ferme. Avec aussi le linge pour protéger le bétail, la fameuse toile bayadère qui était différente pour chaque maison. Ce qui permettait de reconnaître les bêtes sur les marchés », explique Marie Carbonnel, chargée de communication. Chacun avait sa signature visuelle, à base de couleurs et de rayures plus ou moins espacées.
Dans la famille, Jean-Baptiste Gouze a été le premier à démocratiser le tissu basque. Au-delà des Pyrénées, l'homme part vendre ses tissus jusqu'à Paris et à Bordeaux dans les années 1920. Son adage ? Son linge est « tissé pour durer 100 ans ». En 1979, crise du textile oblige, l'activité s'arrête. Mais cinq ans plus tard, Maïté Gouze relance la production après des études dans le textile à Lyon et mise sur les ventes par correspondance qui fonctionnaient à plein régime à l'époque. La production est alors confiée à une usine située à Saint-Étienne. Le même tisseur qui réalise aujourd'hui une partie de la production. Un deuxième tisseur se charge des nids d'abeille dans les Pyrénées. La marchandise est ensuite envoyée à Espelette pour confectionner les objets.
Coton bio et lin français
Depuis les années 2000, le linge basque revient à la mode et reste dans la tendance au fil des ans. Avec un CA avoisinant les 2 M€, désormais, le Tissage de Luz, c'est 150 revendeurs en France, une cinquantaine à l'étranger, en particulier en Europe du Nord, 18 salariés et 4 boutiques, à Bayonne, Saint-Jean-de-Luz, Espelette et Biarritz. Depuis un an, l'entreprise mise sur le coton bio et propose aussi une gamme en lin français. Chaque année, 5 ou 6 nouvelles toiles entrent dans la collection. À l'image de Marquise et ses teintes arc-en-ciel, Yvonne, inspirée des archives familiales, et Georges à carreaux. Chez les professionnels du CHR, les tabliers des Tissages de Luz peuvent être faits sur mesure. Tout comme les nappes, enduites ou non, et les serviettes.
« On fonctionne surtout avec des établissements de bord de mer et du Pays basque naturellement. Mais on travaille aussi avec des fromagers dans les Halles Paul-Bocuse à Lyon et d'autres à Paris. » Ce qui plaît : cette patte basque, ces variations de couleurs, mais surtout le made in France. « Tout est fabriqué dans la Loire ou dans les Pyrénées et assemblé à Espelette. » Avec une gamme qui signe cet engagement pour la fabrication sur le territoire français : celle pensée avec la boutique de l'Élysée qui décline les fameuses rayures en bleu, blanc et rouge. Ce qui était un simple moyen de différencier les familles et les fermes au Pays basque s'érige aujourd'hui au rang de tendance textile. Ou quand la tradition se met au service de l'évolution.