L'ensemble des acteurs du tourisme s'est réuni le 17 février pour tirer une nouvelle fois la sonnette d'alarme. « Nous saluons l'action du Gouvernement, mais nous sommes face à un mur de dettes », a lancé Roland Héguy, président de la Confédération des acteurs du tourisme (CAT) et de l'Umih. Alors que le secteur du tourisme a contracté 11,5 Md€ de PGE sur les 143 Md€ accordés, la CAT demande l'étalement du remboursement sur dix ans, contre six ans actuellement. Elle souhaite aussi un remboursement différé d'une année supplémentaire afin de payer la première échéance au printemps 2023, au lieu de 2022. « Le PGE peut représenter jusqu'à 25 % du chiffre d'affaires d'une entreprise, dans notre secteur, où les marges dépassent rarement les 5 %, cela reviendrait à utiliser l'intégralité des bénéfices pour rembourser », a ajouté Roland Héguy.
Ce « mur de dettes » freine les investissements pourtant nécessaires pour ne pas laisser « flancher la destination France », mais aussi répondre au plan Destination France. « Soit nos entreprises remboursent les PGE et elles ne pourront pas investir, soit elles investissent mais ne pourront pas rembourser, soit il y aura de la casse », a mentionné Roland Héguy, avant d'ajouter aller « droit dans le mur » si rien ne changeait. La CAT demande ainsi au président de la République de « tordre le bras à l'Europe » en vue de maintenir l'attractivité de la destination France, notamment avec la tenue prochaine d'événements majeurs, à l'instar de la Coupe du monde de rugby et des Jeux olympiques.
De son côté, le syndicat GNI alerte également sur la situation des CHR qui sont « incapables de faire face au mur de dettes qui se dresse devant eux ». Pour l'organisation syndicale, le constat est clair : près d'un professionnel sur deux ayant souscrit un PGE se déclare être dans l'impossibilité de le rembourser. Ainsi, elle propose de suspendre les remboursements de PGE à venir le 1er mars pour une durée de six mois, mais aussi de conclure un accord au niveau de l'UE permettant aux entreprises de restructurer leurs dettes sans être automatiquement qualifiées « d'entreprises en difficulté » avec les conséquences indiquées, ainsi que la mise en place d'un nouveau prêt « covid +» ouvert à toutes les entreprises de façon à regrouper l'intégralité de leurs emprunts antérieurs et PGE, pour les rembourser par anticipation évitant leur rééchelonnement. Compte tenu de l'urgence, le GNI demande que certaines entreprises puissent souscrire un nouveau PGE assorti d'un montant égal au montant du PGE initial afin de le rembourser par anticipation et « éviter l'effet guillotine ».