Laurent Wauquiez vient de payer de son siège de président de LR la débâcle de son parti aux élections européennes. L'horizon des ambitions nationales de cet élu auvergnat s'est obscurci, provisoirement du moins. Car en politique, les traversées du désert sont parfois courtes et les revenants sont nombreux. Un certain Nicolas Sarkozy a connu la même mésaventure il y a vingt ans, ce qui ne l'a pas empêché de mener la carrière que l'on connaît et de se poser aujourd'hui en ultime recours de la droite républicaine. L'erreur de Laurent Wauquiez est de ne pas avoir compris à quel point l'élection d'Emmanuel Macron à la présidentielle avait changé la donne. Il a cru que sa propre jeunesse et celle de François Xavier Bellamy suffiraient à amorcer le renouvelle ment des Républicains. Mais seules les vieilles lunes conservatrices ont éclairé leur campagne. Homme intelligent et brillant, Laurent Wauquiez tirera sans doute des leçons de cet échec pour rebondir. La révolution numérique est entrain d'accélérer la communication. On a pu le constater lors de la dernière élection présidentielle, mais aussi parallèlement avec l'essor des Gilets jaunes. Les bases électorales sont devenues friables et versatiles. Non seulement le vieux clivage droite et gauche a explosé, mais les chapelles politiques se multiplient. Rappelons qu'en France, 34 listes étaient en lice aux Européennes. Il faut désormais suivre l'évolution des opinions avec un sens de plus en plus aigu du marketing et s'efforcer de canaliser les flux et de fédérer le plus largement possible. Malheur aux discours clivant s. À ce jeu, le discours d'un agrégé de philosophie est apparu pour le moins anachronique dans cette campagne.