Le rebond annoncé de l’hôtellerie au 3e trimestre

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Selon In Extenso, le CA de l’hôtellerie française a reculé de 55 % en 2020. Malgré ce choc, le secteur pourrait vite redémarrer avec un premier rebond au troisième trimestre et un retour à la normale en 2023.

Un seul chiffre illustre parfaitement le choc encaissé par l’hôtellerie française. En 2020, le RevPAR (revenu par chambre disponible) des hôtels français a chuté de 55 %. Un effondrement sans précédent provoqué par une pandémie internationale comme le monde n’en a pas connu depuis plus d’un siècle. C’est naturellement la baisse de fréquentation que reflète le taux d’occupation (- 52 %) qui est à l’origine de ce phénomène car, contre toute attente, les prix moyens ont plutôt bien résisté. Ainsi l’année passée, l’hôtellerie hexagonale a perdu plus de la moitié de son chiffre d’affaires. Cette photographie revêt des réalités plus nuancées. La province limite la casse avec un recul de 47 %, mais la capitale qui n’a pas connu de parenthèse enchantée cet été, plonge dans un gouffre en affichant un RevPAR en recul de 74 %.

La Côte d’Azur perd pour sa part 65 % de ses recettes hôtelières. On peut aussi observer que la fréquentation de l’hôtellerie économique s’effrite moins que celle des établissements de luxe. Ce constat est moins flagrant à Paris, mais il faut noter que la banlieue résiste mieux que la capitale. Rappelons que ces chiffres concernent l’ensemble du parc hôtelier et intègrent les hôtels qui ont préféré fermer. La France affiche toutefois un résultat moins dégradé que celui de la moyenne européenne (- 72 % de RevPar). L’Amérique du Nord limite la casse avec (- 52 %) et c’est la Chine continentale qui absorbe le mieux le choc avec seulement – 42 %.

Un choc inattendu 

Ces résultats ont été communiqués le 5 février lors de la conférence annuelle des Tendances de l’hôtellerie, organisée par le groupe In Extenso. Cet événement qui a lieu traditionnellement en début d’année se déroulait pour cette édition en mode virtuel. 1 200 personnes étaient reliées à cette présentation, avides de découvrir à quel horizon les experts hôteliers situaient la reprise. Le contraste était flagrant avec l’édition 2020 où, au Palais Brongniart, In Extenso dressait le tableau d’une année 2019 très dynamique et annonçait de belles perspectives d’avenir. Tout le monde avait encore en mémoire l’intervention jugée très pessimiste à l’époque de Béatrice Guedj, directrice recherche & innovation chez Swiss Life Asset Managers qui indiquait que l’horizon 2020 pourrait être assombri par le développement de ce virus qui commençait à faire parler de lui. Prudente dans ses prévisions à la baisse, elle était alors loin d’imaginer à quel point cette péripétie sanitaire pourrait perturber l’activité hôtelière. Elle avait toutefois décelé le danger. Nous étions le 28 février 2020 et le soir même le Gouvernement annonçait plusieurs premières mesures de protection, comme la fermeture anticipée d’un jour du Salon de l’agriculture.

Vers un rebond au 3e trimestre

Béatrice Guedj était présente lors de ce rendez-vous virtuel de 2021. Elle s’était même départie de son discours de Cassandre adopté l’année passée pour offrir un discours plutôt optimiste : « À long terme nous considérons que l’hôtellerie constitue un investissement intéressant pour les investisseurs institutionnels. » L’experte considère en effet que, jusqu’à 2020, les performances financières de l’hôtellerie restaient supérieures à celles des portefeuilles boursiers et que l’activité du secteur pourrait repartir dès la fin de la pandémie : « Les sous-performances de l’hôtellerie à partir de fin 2020 ont incité certains opérateurs à réorienter leurs investissements. Mais dès l’annonce du vaccin, nous avons noté un rebond. Béatrice Guedj est notamment confiante sur l’avenir de l’hôtellerie dans le « big four » (Allemagne, Espagne, France, Italie). Bien que sonnés par ce choc, la moitié des hôteliers européens pronostiquent un rebond de l’activité au 3 trimestre 2021 et une même proportion situe un retour de l’activité touristique au niveau des performances de 2019 en 2023.

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