Le Salon de l’Agriculture célèbre le monde vivant

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Du 25 février au 5 mars, le Salon International de l’Agriculture va accueillir plus de 500 000 visiteurs à Paris Expo Porte de Versailles.

Les filières agricoles ont un besoin urgent de renouveler leurs générations.

Le Salon International de l’Agriculture (SIA) ouvrira sa 59e édition dans quelques jours. Du 25 février au 5 mars, des paysans, des agriculteurs, des producteurs, des artisans, différentes organisations agricoles, des institutions publiques, des entreprises, des responsables politiques et des citoyens français de tous horizons se rassembleront pour échanger, dialoguer ou présenter des produits, du bétail et des solutions destinées à favoriser l’agriculture… et donc le vivant.

Le temps des retrouvailles (slogan post-Covid adopté lors de la dernière édition) est révolu. « L’agriculture : le vivant au quotidien ! », est le mot d’ordre cette année. « Le Salon de l’Agriculture ne peut espérer mieux comme fil rouge que de montrer des filières agricoles au cœur du vivant », estime Jean-Luc Poulain, président du SIA et du Centre national des expositions et Concours Agricoles (CENECA), mais avant tout agriculteur.

Cette édition 2023 du SIA, qui est « désormais le premier salon de France », va se dérouler dans un contexte inédit de tension internationale. « C’est donc la première fois que le Salon international de l’Agriculture se tient avec cette menace aux portes de nos pays », ajoute Jean-Luc Poulain, en rappelant sa solidarité avec le « peuple ukrainien ».

La guerre qui se poursuit depuis un an a entraîné d’importantes répercussions sur les marchés de l’énergie, mais également de nombreuses conséquences agricoles et alimentaires. La Russie et l’Ukraine produisent 15 % du blé mondial et plus de 70 % de l’huile de tournesol, révélait une note du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) en avril dernier. Des données qui mettent en évidence le poids de notre souveraineté alimentaire et l’attractivité de la filière agricole française.

Renouveler les générations d’agriculteurs   

« Pour bâtir notre souveraineté alimentaire et agricole, car c’est bien de cela dont nous parlons, les défis sont nombreux et les relever doit permettre à notre agriculture de sortir plus forte et conquérante face aux bouleversements à l’oeuvre », expose Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, particulièrement attentif au défi démographique : « il n’y aura pas de souveraineté alimentaire si on ne renouvelle pas les générations ».

Selon le ministère de l’Agriculture, un tiers des agriculteurs (soit 166 000 exploitants ou co-exploitants agricoles) seront partis à la retraite d’ici dix ans. Il est donc urgent de capter l’attention des plus jeunes vers l’agriculture, au risque de subir des conséquences comparables au manque de médecins dans les zones rurales.

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Un tiers des agriculteurs seront partis à la retraite d’ici dix ans. Crédits : Aurelie Bourdon

« Nous avons besoin de nouveaux profils, il faut mettre en valeur la ferme France, alerte Jean-Luc Poulain. Nous observons deux courbes : celle des départs – autour de 65 et 70 ans – et celle des entrants qui est aujourd’hui trop faible. Il y a quelques années, on comptait 4 000 agriculteurs dans mon département [l’Oise, NDLR). Aujourd’hui, la chambre d’agriculture en recense 2 800. Il faut des perspectives de revenus et de vie pour ces jeunes (agriculteurs). »

Le Salon de l’Agriculture se doit justement d’apporter des éclairages sur les mutations du secteur : sa modernisation, son implication dans la transition durable ou encore son rapport grandissant aux nouvelles technologies. C’est l’autre enjeu de cette édition 2023. Pour cela, plusieurs espaces seront dédiés à ces thèmes, parmi les neuf pavillons du Salon.

Favoriser l’emploi et la formation   

Situé dans le pavillon 4, le pôle Agri’Recrute proposera de nombreuses conférences, des rendez-vous et des temps forts au cours des neufs jours de célébration du monde agricole. Ce pôle réunira les plus grands acteurs de la formation et de l’orientation, et « délivrera conseils et recommandations à tous ceux qui souhaitent rentrer ou se convertir en agriculture », précise Valérie Le Roy, directrice du SIA.

De prestigieuses écoles supérieures, spécialisées dans ces filières, se sont agrégées au Salon cette année. A l’instar d’AgroParisTech et d’autres établissements de l’Alliance Agreenium, réunissant notamment Bordeaux Sciences Agro, l’Université de Lorraine – ENSAIA, l’Institut Agro, ENSFEA, Oniris ou encore VetAgro Sup.

« La pluralité des publics au Salon International de l’Agriculture est un vrai défi mais elle contribue fortement à l’intérêt et au plaisir d’y participer. Nous travaillons à la création d’un parcours ludique sur notre stand, axée sur la préservation du vivant », confie Laurent Buisson, directeur général d’AgroParisTech.

L’enjeu du biosourcé

Le salon de l’Agriculture a une fonction pédagogique fondamentale. Il a toujours été « l’occasion de montrer ce qu’est l’agriculture, note Valérie Le Roy. 56 % des visiteurs disent avoir appris quelque chose après une visite au SIA. »

Pour cette raison, le Salon accueillera la quatrième édition d’Agri’Expo – au cœur du pavillon 2.2 (Cultures et filières végétales) – afin de présenter les vertus du développement des matériaux biosourcés, ainsi que son opportunité en termes d’innovation et d’emplois. Le secteur agricole est l’un des acteurs les plus dynamiques de l’économie circulaire et apporte sa contribution à la préservation de l’environnement.

Selon l’ADEME, le recours aux biotechnologies industrielles et l’utilisation de matières biosourcées contribuent également « à réduire la dépendance de notre industrie aux ressources fossiles et sont un levier de croissance majeur ». Le biosourcé représente aujourd’hui 10 milliards € de chiffre d’affaires par an en France, tandis que la chimie du végétal est en croissance de 5 %, selon un rapport d’activité 2021-2022.

Incontournable Concours général agricole

Temps fort pour les producteurs, éleveurs et artisans des métiers de bouche, le Concours Général Agricole (CGA) est également une animation exceptionnelle pour tous les visiteurs du Salon. Huit espèces et 2 380 animaux y participeront cette année.

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Un médaillé du Concours général Agricole augmente son chiffre d’affaires de 18 % à 40 % l’année de l'obtention. Crédits : Aurelie Bourdon

« Quel que soit le concours (produits, vins, animaux, pratiques agro-écologiques, jeunes), il permet de valoriser l’excellence française, le travail quotidien réalisé dans les fermes et la qualité de nos formations agricoles. C’est un concours unique au monde qui existe depuis 1870 », se réjouit Olivier Alleman, commissaire général du CGA. Outre le spectacle, la notoriété et la mise en scène d’un tel concours, les producteurs récompensés par une médaille au CGA observent une plus-value économique immédiate.

Un médaillé (d’or, d’argent ou de bronze) augmente son chiffre d’affaires de 18 % à 40 % l’année où il obtient une distinction. Les épreuves de ce concours, qui se tiendront au sein de plusieurs pavillons (1 ; 2.1 ; 6 et 7.2), seront une nouvelle fois le point d’orgue du Salon International de l’Agriculture.

Ovalie, l’égérie du Salon

Âgée de 5 ans, de race Salers, portant une robe acajou et arborant des cornes fines, elle incarne l’édition 2023 du Salon International de l’Agriculture. Ovalie participera à son premier salon, tout comme ses propriétaires, Marine et Michel Van Simmertier (34 et 32 ans), éleveurs de Salers dans le Cantal. « Avoir une vache égérie est une récompense pour le travail que nous avons accompli depuis notre installation. Nous sommes conscients de la formidable visibilité que cela représente pour notre exploitation », reconnaît le couple. Figurer sur l’affiche de la nouvelle édition du Salon est un beau coup de projecteur pour ces jeunes agriculteurs, mais aussi pour la Salers, race emblématique de l’Auvergne et du Cantal, d’où elle tient son nom. La Salers est capable de produire du lait comme de la viande, et ses capacités d’adaptation, sa facilité de conduite et son autonomie font d’elle « une race parfaitement adaptée aux enjeux sociétaux actuels et à l’installation de nouveaux éleveurs », précise-t-on au SIA

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