Durant cet été, une certaine effervescence a agité le marché de la restauration livrée avec l'annonce de la fusion du britannique Just Eat et du néerlandais Takeaway. Ces deux entreprises multinationales constituent un nouvel ensemble, Just Eat-Takeaway, qui règne sur 360 millions de commandes et réalise un CA de 7,3 Md€. Cette opération d'échanges d'actions valoriserait l'entreprise à plus de 9 Md€. Des sociétés très juteuses se sont ainsi constituées depuis une vingtaine d'années en marge de la restauration. Rappelons que Just Eat, qui détient la majorité des actions de la nouvelle entreprise, s'était installé en France en rachetant progressivement Allo Resto à partir de 2012. La corbeille de la mariée, Takeaway, est également bien garnie. À la fin de l'année dernière, la société hollandaise a mis 930 M€ sur la table pour acquérir en Allemagne Delivery Hero. Cette prise de position sur le marché allemand a douché les espoirs de la concurrence outre-Rhin. Deliveroo vient ainsi brusquement de décider d'arrêter ses activités en Allemagne, où il ne pouvait plus prétendre jouer les premiers rôles. Cet autre acteur de la restauration livrée est aussi à la peine en France où il vient d'affronter un vaste mouvement de grogne de ses coursiers excédés de voir leurs salaires réévalués à la baisse. Il faut à cet égard reconnaître que ces sociétés de livraisons ont plutôt tendance à s'affranchir des contraintes sociales pour accélérer leur développement. Pour convaincre consommateurs et restaurateurs de jouer le jeu, elles s'efforcent de réduire le coût de leurs services. Mais une fois bien installées sur le marché avec un horizon concurrentiel dégagé, elles seront alors en mesure de peser aussi sur les restaurateurs en leur imposant des conditions moins avantageuses.