Dans quatre jours, vos collègues, commerçants « non essentiels », ouvriront leurs boutiques. Les restaurateurs ressentiront sans doute un peu d'amertume à avoir été les premiers à fermer et les derniers à rouvrir. Ils sont d'ailleurs de plus en plus nombreux à maintenir la flamme en tentant d'organiser un comptoir de vente à emporter. Faute de mieux, même certains Trois étoiles Michelin se prêtent à cet exercice parfois dérisoire.
Ils démontrent ainsi qu'ils demeurent combatifs et se tiennent prêts pour un éventuel redémarrage. C'est aussi une manière de conserver le moral, faute de perspectives tangibles sur leur avenir. Certains avancent imprudemment des chiffres effrayants de défaillances d'entreprises à venir dans le secteur des CHR comme s'ils avaient des dons divinatoires. Mais en réalité le nombre de celles qui ne survivront pas à cette crise dépendra de deux facteurs encore inconnus : l'ampleur du filet de protection que l'État offrira à la profession et le redémarrage de l'économie nationale à moyen terme, Dans un premier temps, le Gouvernement pourrait rassurer toutes ces entreprises en définissant des règles du jeu claires pour les mois qui viennent. De nombreuses questions épineuses restent encore en suspens : la charge des loyers qui s'alourdit de semaine en semaine pour la grande majorité, la durée de l'accompagnement du chômage partiel, la nature du plan d'aide au redémarrage de l'activité. Même des questions plus secondaires peuvent devenir déterminantes, comme le débat actuel sur la modification de l'utilisation des titres-restaurants. Il faudrait aussi avancer sur la mise en responsabilité des assureurs évoquée par le président de la République lui-même, mais dont on ne voit à ce jour aucun signe.