La reconquête du centre-ville par Saint-Nazaire dure depuis plus de 40 ans. Elle n'est pourtant pas achevée malgré l'ardeur qu'ont déployée dans ce combat deux maires successifs très impliqués. Le défi était de taille car cette ville d'estuaire, dont la situation est d'ailleurs très proche du Havre sur bien des plans, cumulait beaucoup de handicaps : un centre-ville mal affirmé, une reconstruction réalisée à la hâte dans l'après-guerre et, comme c'est souvent le cas, une concurrence féroce des centres commerciaux installés en périphérie. Actuellement, l'équipe municipale s'efforce de concentrer les commerces sur une surface plus restreinte afin de la dynamiser et de revitaliser un périmètre qui incarnera un vrai centre-ville, jusqu'alors fantomatique. Ce n'est pas simple, un maire n'a pas tous les pouvoirs. Cette réorganisation peut se révéler coûteuse, mais le jeu en vaut la chandelle. Un vrai centre-ville animé fera plus pour le bonheur des Nazairiens que la plus belle des pistes cyclables. Cet exemple montre aussi les limites du libéralisme à tout crin en matière de commerce. Cette politique du laissez-faire a conduit à la situation actuelle et à une hypertrophie des centres commerciaux et de la grande distribution. Il appartient aujourd'hui aux pouvoirs publics de rééquilibrer l'offre commerciale vers les centres-villes, surtout dans les petites et moyennes agglomérations particulièrement impactées. Cette action est d'autant plus urgente que les effets du e-commerce risquent rapidement de prendre le relais des grandes surfaces dans la destruction des centres-villes.
Edito
SAINT-NAZAIRE : Les limites du libéralisme
19 Aoû 2021 par JEAN-MICHEL DÉHAIS
