Henri Cruzel n'est pas resté inactif durant le confinement. Ce grand gaillard a du mal à tenir en place. Restaurateur, hôtelier, mais aussi fabricant de plats cuisinés, il mène de concert les multiples projets qui trottent dans son imagination fertile. Il vient ainsi de relancer les « Tripoux de Maurs ». La fabrication de la recette avait disparu de la cité cantalienne lorsque la marque Père Jean avait été rachetée par une entreprise de Saint-Flour, il y a une dizaine d'années. Depuis lors, ce maître pâtissier, confiseur, glacier de profession s'était mis en tête de faire renaître les tripous de son village natal de la Châtaigneraie. En 2015, après des recherches auprès des artisans locaux, il avait élaboré une recette avec un bouillon très aromatique qu'il avait déposée à l'Institut national de la propriété industrielle (Inpi). Il a profité de son repos forcé dès le mois de novembre dernier pour investir 40 000 € dans un autoclave et un atelier afin de pouvoir commercialiser ses premières boîtes de « Tripoux de Maurs ». Il prévoit une production de 2,5 tonnes durant la première année. Cette nouvelle activité ne l'a pas empêché durant le confinement de proposer via Facebook des plateaux repas aux entreprises des environs. Très vite, il a pu compter sur une clientèle régulière et livrer en moyenne 40 plateaux quotidiens. « C'est une manière de couvrir une partie de nos frais fixes », explique-t-il.
Deux nouveaux gîtes
Un autre projet lui tenait à cœur durant le confinement, la création d'un gîte de 14 couchages. Installé sur un terrain voisin, le gîte complète son offre hôtelière de 11 chambres. Alors que l'aménagement en gîte de cette ancienne maison n'est pas encore achevé, Henri Cruzel prévoit d'en construire un autre de 14 couchages, sur le même terrain. Très impliqué dans la politique touristique locale, le restaurateur s'oriente vers les gîtes pour deux raisons. D'abord, il tient compte de l'évolution de la demande vers ces produits. Ensuite, à 53 ans, il anticipe déjà le moment où il transmettra son entreprise. Il sait que les hôtels-restaurants de la région sont difficiles à céder même lorsqu'ils bénéficient d'un bon taux d'occupation. Le faible nombre de candidats à la reprise pose problème. « Un gîte, estime-t-il, est plus facile à gérer. C'est aussi une activité moins prenante que nous pourrons continuer d'exercer au-delà de l'âge de la retraite. »
Le nouveau gîte.
Pour l'instant, il n'est pas question de retraite. La saison qui démarre sur les chapeaux de roues donne le sourire à Henri Cruzel. Les clients, il a su les faire venir dans ce village qui borde Maurs. « Malgré tous ses attraits, assure-t-il, la Châtaigneraie est un peu le parent pauvre du tourisme cantalien. Ceux qui viennent visiter le département sont obnubilés par deux spots : le Plomb du Cantal et le Massif du Lioran. Il faut leur donner une bonne raison de venir nous voir. »
Depuis la création de son établissement en 1990, Henri Cruzel met tout en œuvre pour offrir des activités attractives. Fils d'un maître pâtissier chocolatier venu du Tarn-et-Garonne, Henri Cruzel a grandi à Maurs et a travaillé dans l'entreprise familiale avant d'acheter sur un coup de tête en 1990 un petit bar de Saint-Étienne-de-Maurs, situé sur la départementale qui relie Maurs à Aurillac. Son frère Michel a finalement repris avec succès le flambeau de la pâtisserie familiale. Henri, âgé de de 22 ans lors de son arrivée à Saint-Etienne-de-Maurs, a vite compris que son bar n'était pas promis à un brillant avenir. Il a développé un restaurant. Puis il a proposé d'abord quatre chambres avant de construire un hôtel puis une piscine et un sauna. Aujourd'hui, l'établissement est même doté d'une salle de sport très bien équipée, d'une terrasse aménagée et d'une immense cuisine laboratoire qui lui permet de tout fabriquer jusqu'à la saucisse sèche et les spécialités locales en conserve. Pour garder plus longtemps ses clients ou pour les décider à venir, Henri Cruzel présente aussi de multiples activités comme les circuits enduro qu'il encadre personnellement en tant que moniteur diplômé. Il fallait vraiment un homme tout terrain pour faire de cet établissement une adresse courue de la Châtaigneraie cantalienne.