À quelques pas du parvis de la gare de Lyon, on distingue d'iconiques établissements à l'emplacement imprenable : L'Européen, Aux Cadrans ou encore le Bistrot de la Gare… Derrière ces brasseries emblématiques, on trouve L'Express de Lyon, un petit bistrot situé non loin du boulevard Diderot. C'est dans ce quartier bouillonnant, rythmé par les klaxons des taxis et le flot des voyageurs, que deux frères cantalous, Romain Barthelemi, 43 ans, et son frère Guislain, 41 ans, ont choisi de présider à la destinée de l'affaire familiale achetée par leurs grands-parents. Romain et Guislain ont embrassé l'esprit bistrot pour mieux le faire perdurer dans leur établissement. Pour cela, ils ont opté pour un large comptoir capable d'accueillir une douzaine de convives. Cette dimension sociale a pourtant été chahutée par la crise sanitaire. « Malgré le retour des clients et des touristes, les habitudes ont changé. Les clients consomment moins tard, se rendent moins au comptoir au profit de la salle. Par ailleurs, nous n'avons pas retrouvé les niveaux de fréquentation de 2019 », constate Romain Barthelemi.
Jacques et Paule Barthelemi, les grands-parents des actuels gérants, avaient posé leurs valises à L'Express de Lyon en 1956, après avoir exploité un café à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne). L'affaire avait été créée quelques décennies plus tôt, en 1928. « Nous avons grandi dans cet établissement, se félicite Romain Barthelemi. Et nous reproduisons aujourd'hui ce que nous avons observé par le passé : sens de l'accueil, proximité, esprit de quartier… Le but est que les gens se sentent chez eux, c'est pour cela que le comptoir est important, c'est un lieu de rendez-vous. » Après Jacques et Paule, ce sont Philippe et Martine Barthelemi qui ont repris l'affaire puis, au décès de Philippe en 2007, Romain et Guislain ont souhaité poursuivre cette épopée bistrotière. Si L'Express de Lyon a toujours constitué un repaire de cheminots, il était devenu, dans les années 1990 et 2000, un bar PMU course par course. Les deux frères l'ont transformé en véritable temple de la bière ; ils font d'ailleurs figure de précurseurs dans l'offre de craft beers. À partir de 2011, le tandem décide en effet de surfer sur la vague des IPA et autres bières artisanales : « Nous avons eu un coup de cœur et l'envie de goûter et partager toutes ces références avec nos clients. » Alors qu'on ne trouvait auparavant que deux becs dédiés à cette offre de bières, les deux gérants ont, petit à petit, augmenté la voilure face à la demande des convives. Ils disposent aujourd'hui de 15 becs grâce auxquels ils conjuguent bières artisanales et références traditionnelles. « L'avantage, c'est que cela nous permet aussi de découvrir et de référencer de nouveaux produits. Nous mettons de plus en plus en avant les brasseries françaises », observe le gérant. La carte des bières fourmille ainsi de références, parmi lesquelles on peut citer les productions des brasseries O'Clock, Brasserie du Grand Paris, Parisis ou encore Outland, mais aussi Second Degré et Noka Brewing. Au total, les deux frères proposent six références permanentes complétées par des bières artisanales IPA, sour, stout et imperial stout par exemple. Multiplier l'offre de breuvages s'est révélé être un pari gagnant, un pari qui a créé et satisfait une demande : « Nous réalisons 70 à 75 % de notre chiffre d'affaires avec la bière, mais la restauration n'est pas en reste. Nos clients viennent avant tout pour boire une bière, mais ils accompagnent parfois leur verre d'un plat. »
« Nous réalisons 70 à 75 % de notre chiffre d'affaires avec la bière. »
Romain et Guislain emploient deux cuisiniers ainsi que deux personnes en salle et au bar. Pour respecter l'esprit bistrot auquel ils sont attachés, la carte des plats propose essentiellement des classiques de la restauration, à l'instar des salades et tartares, des andouillettes et foies de veau, de la truffade et de la saucisse d'Auvergne. Le ticket moyen s'établit à 20 € le midi ; le soir, l'afterwork bat son plein et la clientèle se focalise sur les planches et les boissons. L'Express de Lyon réalise environ 60 couverts par jour (l'établissement possède 40 places assises complétées de dix places en terrasse), essentiellement issus d'une clientèle de bureau. « L'offre de restauration de la gare de Lyon s'est développée et les clients ne sortent plus de la gare, contrairement aux années 1980 et 1990. En définitive, nous recevons peu de voyageurs, mais plutôt une clientèle de passage », constate-t-il.
Avant la crise sanitaire, les deux tenanciers ambitionnaient de lancer une deuxième affaire. Mais il s'agit aujourd'hui de reconstituer une trésorerie avant de penser de nouveau à l'acquisition d'un second établissement.
L'Express de Lyon - 1, rue de Lyon - 75012 Paris