L’Umih recueille les fruits d’un dialogue constructif

  • Temps de lecture : 6 min

Le soleil qui s’est invité à Biarritz après plusieurs semaines de grisaille dès l’ouverture du congrès de l’Umih, le 19 novembre, a contribué à détendre l’ambiance. Cette impression était renforcée par la concorde affichée entre Roland Héguy et le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne, qui s’est longuement attardé au Palais des congrès biarrot. Si Roland Héguy a tenu un discours pugnace et revendicatif, il a salué l’écoute du ministre et a ajouté « qu’ils travaillaient tous les deux dans le même objectif de réguler le tourisme sur tout le territoire ». Jean-Baptiste Lemoyne, quant à lui, a évoqué la qualité du travail qu’il réalisait avec les représentants de l’Umih : « Ils étayent leurs propositions et trouvent des solutions. »

Pour le ministre, cette visite annuelle au congrès de l’Umih revêtait un aspect particulier, puisqu’il figurera en mars prochain en bonne position sur la liste du maire sortant de Biarritz, Michel Veunac, et qu’en cas de victoire, ce dernier pourrait lui confier les rênes de la cité en cours de mandat. Une embûche de taille guette cependant le parcours de Jean-Baptiste Lemoyne, puisqu’il pourrait trouver sur son chemin la candidature annoncée à la mairie de Biarritz d’un autre ministre du Gouvernement, en la personne de Didier Guillaume, titulaire du portefeuille de l’Agriculture. Aussi, lors de ce congrès, le secrétaire d’État a marqué des points en affichant sa proximité avec le président de l’Umih, hôtelier de Biarritz et notable incontournable de la ville. Le ministre n’est pas venu les mains vides en annonçant officiellement qu’il était à nouveau autorisé à mettre en place des préenseignes à l’entrée des villes et des villages. L’interdiction prononcée il y a une dizaine d’années avait en effet causé un tort considérable à nombre de restaurants et d’hôtels qui signalaient ainsi leur présence à la clientèle de passage.

Un comité de filière du tourisme

Jean-Baptiste Lemoyne a annoncé lors de ce congrès la création d’un Comité de filière du tourisme qu’il présidera et dont il confiera la vice-présidence à Roland Héguy. Ce comité se propose d’être l’interlocuteur de tous les métiers du tourisme afin de mieux coordonner les actions de développement qui ont pour objectif de faire gagner un point de PIB à l’économie française d’ici 2025. Concernant le transfert du pouvoir de fermeture des établissements des préfets vers les maires, contesté par l’Umih, le ministre s’est voulu rassurant et a laissé la porte ouverte à des adaptations du dispositif à l’issue d’une période d’observation d’un an. Le jour de la clôture du congrès, le président de la branche Cafés, Laurent Lutse, obtenait toutefois une satisfaction de taille, avec le vote par le Parlement de l’amendement 1633 au projet de loi « Engagement et proximité ». Cet amendement porté par le Gouvernement entérine la proposition déjà formulée par le Premier ministre de créer de nouvelles licences IV non transférables dans les communes de moins de 3 500 habitants n’en disposant pas et qui ne seront pas transférables. Il marque aussi la fin des transferts de licences IV au sein des régions. Cette latitude est désormais réduite aux départements limitrophes et les licences ainsi transférées ne peuvent, pendant les huit ans suivant leur transfert, faire l’objet d’un nouveau transfert en dehors du département. Enfin, la délimitation des zones protégées est réduite à trois zones (établissements d’enseignement, de santé et sportifs).

Vendredi, Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, a rajouté un dernier cadeau dans la hotte de Noël destinée à la restauration. Il réagissait aux cas de restaurateurs qui avaient subi des redressements importants de la part de l’Urssaf, concernant les repas qu’ils prenaient dans l’entreprise. L’administration se basait alors sur un arrêté de 2002 relatif aux avantages en nature considérant que le coût du repas pris par le dirigeant devait être calculé sur la base du prix du menu le moins cher de l’établissement. Gérald Darmanin a annoncé qu’il modifiait ce décret et qu’il unifiait l’avantage en nature du repas à 3,60 € pour « l’ensemble des salariés et des dirigeants d’entreprise relevant du régime général ».

Un congrès actif

Un seul petit nuage, nommé Airbnb, a plané durant ce congrès sur les relations entre Roland Héguy et le Gouvernement. Non seulement le président de l’Umih estime que l’autorisation laissée aux propriétaires d’appartements de louer jusqu’à cent vingt jours par an était trop étendue, mais de surcroît, il a eu beaucoup de mal à admettre que la plate-forme annonce en début de semaine dernière qu’elle devenait partenaire officiel du Comité national olympique jusqu’en 2028. La plate-forme aurait usé d’un argument de poids qui aurait balayé les réticences des membres du comité : un chèque de 100 M€. Malgré la quiétude qui régnait au congrès, le programme des participants était très chargé. Ainsi, les congressistes se préparent à prendre la mesure de l’opportunité que leur offre en matière de formation, leur nouvel Opco, Akto, le plus grand de France, présidé par leur vice-président, Hervé Bécam.

Côté hôtellerie, Laurent Duc a fait avaliser par sa branche une motion pour l’évolution du futur classement hôtelier favorable à la possibilité d’installer des chambres partagées dans les catégories 1, 2 et 3*. Cette mesure devrait être défendue auprès d’Atout France par Jean-Virgile Crance, président du GNC (Groupement national des chaînes hôtelières) et président de la commission hébergement d’Atout France. Sur un plan plus symbolique, ce congrès a été marqué par la sortie d’un Manifeste en faveur de la transmission en cuisine, écrit par le chef Gérard Cagna qui s’appuie sur trois mots clés, « accueil, acculturation et accompagnement ». Après avoir émis en 2014, un premier manifeste sur les violences en cuisine, le chef exhorte ses pairs qui accueillent dans leurs établissements des employés de la nouvelle génération à faire preuve « de bienveillance et de mettre en place d’un management raisonné qui doit transmettre des valeurs de technicité de courage et de transmission».

PARTAGER