Paradoxalement, au moment où les entreprises sont fragilisées par une crise sans précédent, les défaillances d'entreprises marquent un ralentissement spectaculaire. Altares, qui révèle chaque trimestre les défaillances d'entreprises en France, vient de publier les premiers chiffres de la période de confinement.
Si l'on observe le cumul des ouvertures de redressements et de liquidations judiciaires, celles-ci sont en recul de 84,1 % sur la seconde quinzaine de mars et de 75,2 % sur la première quinzaine d'avril, par rapport aux mêmes périodes de 2019. La fermeture des tribunaux et les ordonnances prises à la fin mars pour adapter les droits des entreprises en difficulté expliquent ce ralentissement jusqu'au 24 août. Une entreprise en difficulté a en effet le droit de reporter sa demande d'ouverture de procédure collective un mois après la fin de l'état d'urgence sanitaire. Après cette date, les entreprises en cessation de paiement seront tenues de demander l'ouverture d'une procédure collective. On devrait donc assister à un afflux de procédures qui aura un effet aussi trompeur que le ralentissement actuel. Mais on devrait avoir une idée plus précise de la situation le 24 octobre, soit trois mois après la fin de l'urgence sanitaire. L'état de cessation des paiements de l'entreprise sera alors apprécié au regard de sa situation financière constatée au 12 mars 2020 (date retenue comme celle du début de l'état d'urgence sanitaire). Comme l'explique Altares, « cela veut dire que, jusqu'au 24 octobre, une entreprise pourrait ne pas être considérée en état de cessation de paiement si elle ne l'était pas au 12 mars ».
Les données d'Altarès montrent toutefois une tendance préoccupante. Habituellement, 90 à 95 % des défaillances concernaient les TPE. Mais la part des PME est en croissance depuis la mi-mars. Selon les semaines, elle oscille désormais entre 10,6 et 13,3 %, alors qu'elle naviguait entre 4,4 et 8 % depuis le début de l'année. L'étude révèle également que les deux tiers des PME concernées se trouvaient en cessation de paiement avant le 12 mars. Un signe inquiétant qui montre que la fragilité des entreprises de taille moyenne n'est peut-être pas liée à la crise épidémique actuelle.