Il n'y a pas de secteur qui soit aujourd'hui à l'abri des conséquences économiques de cette crise sanitaire. Les restaurants, fermés pour une période d'au moins un mois, ont bien sûr payé cher le coût de ces mesures. On pourrait cependant penser que les Français continuent de se nourrir normalement et que la consommation du hors domicile a basculé vers le foyer. Mais en réalité, la physionomie l des achats des Français a bien changé. Le public se détourne des produits frais pour s'orienter vers les aliments faciles à conserver comme les pâtes et les conserves. Les producteurs ne parviennent plus à écouler leurs fruits et légumes de saison, même lorsqu'ils trouvent de la main d'œuvre pour les récolter. Les chalutiers restent à quai. Les entreprises de Rungis, déjà bien étrillées par la fermeture des restaurants, ont subi un second choc dans les jours qui ont suivi la mise en place du confinement. Curieusement, les consommateurs boudent les commerces traditionnels et préfèrent moins s'exposer en optant pour la solution généraliste de la grande distribution. Au moment où on aurait pu croire que les Français retrouvent le temps de cuisiner des produits frais, ils adoptent un régime alimentaire de scout. Cela n'est pas de nature à leur remonter le moral. Espérons qu'après cette crise, ils retrouveront avec plaisir le chemin des restaurants et une cuisine qui n'a pas été mâchée par l'industrie. En effet, au moins cette crise a eu le mérite de révéler par son impact le rôle très positif des restaurants sur le marché des produits frais.