Petit-fils d'Aveyronnais, Joël Jondeau, 53 ans, exploite un des derniers Dupont cafés parisiens. Il met toujours un point d'honneur à tenir la promesse de qualité et de simplicité d'une enseigne née à Paris en 1996. Ce postulat fait toujours recette puisqu'en 2009, il a créé un autre Dupont Café avenue de France.

Le slogan « Chez Dupont, tout est bon » est passé de mode aujourd'hui. Pourtant, il a fait partie du quotidien de nombreux Parisiens qui durant des décennies ont fréquenté les restaurants Dupont qui ont fleuri dans la capitale au XXe siècle. L'enseigne a été créée à la fin du XIXe siècle par Louis-Émile Dupont. Quelques années plus tard, en 1909, il a ouvert une gigantesque brasserie à ce nom boulevard Barbès, dans l'immeuble encore actuellement occupé par Tati. La brasserie contemporaine était née et Émile-Louis Dupont, le fils du fondateur, va ensuite développer ce qui fut la première chaîne de cafés restaurants parisiens avec le fameux slogan. À travers cette promesse, Émile-Louis Dupont garantissait un niveau de qualité à propos duquel, selon les historiens, il était très pointilleux ; allant jusqu'à terroriser les employés manquant de vigilance.

Après le retrait des affaires de cet entrepreneur au début des années 1960, la chaîne a commencé à péricliter. Le navire amiral du boulevard Barbès a disparu dans les années 1980 ainsi que la plupart des restaurants arborant cette enseigne. Nombre d'entre eux furent rachetés par Christian Guignard pour être convertis en Hippopotamus. Deux unités ont toutefois survécu à l'instar du Dupont de la porte de Versailles, propriété de Daniel Marion, mais aussi du Dupont Café, rue de la Convention. Ce dernier établissement appartient depuis 1952 à la famille de Joël Jondeau. Son grand-père, Émile Comte, professionnel originaire de Saint-Geniez-d'Olt (Aveyron), avait acheté l'affaire avant de la céder à son petit-fils 40 ans plus tard. Joël Jondeau avait alors 23 ans. Après de brillantes études d'économie achevées par un master à l'université de Stanford, il n'a pas hésité une seconde à reprendre le flambeau du restaurant familial. « Je connaissais le métier pour avoir grandi dans les murs de Dupont Café, raconte-t-il. Mais ce n'était pas évident de reprendre une entreprise comme celle-là. Sans mon expérience aux États-Unis, je crois que je ne me serais pas lancé dans cette aventure. Là bas, on a coutume de dire que si vous voulez faire quelque chose, faites-le ! mais faites-le bien. Je me suis appliqué à suivre cette maxime. »

« Si vous voulez faire quelque chose, faites-le ! mais faites-le bien! »

Dès son arrivée à la tête de l'établissement, Joël Jondeau est confronté aux secousses économiques qui résultent de la première guerre du Golfe. Alors que la restauration parisienne vacille au début des années 1990, Dupont Café s'adapte. Joël Jondeau amène des couleurs chaudes au décor, travaille sur l'éclairage et diffuse de la musique. Il est aussi un des premiers restaurateurs à embaucher des étudiants qui contribuent à insuffler une atmosphère décontractée. Il faut rappeler que cet établissement de 80 places assises disposant d'une terrasse de 60 places réalise l'essentiel de son CA avec les ventes de « limonade ». Bien placé au carrefour des rues de la Convention et de Vaugirard, Dupont reste avant tout un café ouvert 7 j/7, de 7 h à 2 h du matin. Pour autant, la restauration n'est pas anecdotique. Dans ce domaine également, Joël Jondeau fait figure de précurseur. De longue date, il privilégie dans sa cuisine les produits artisanaux issus des circuits courts. Les croque-monsieur de Dupont café sont garnis par la charcuterie Jambon de Paris, le pain provient de chez Gana et à la carte, l'andouillette est fournie par le Lyonnais Bobosse. Le patron ne renie pas le slogan fondateur de l'enseigne : « Chez Dupont tout est bon. »

Fort de son premier succès, Joël Jondeau a dupliqué son établissement en créant en 2009 Dupont Café Bibliothèque dans les nouveaux quartiers du 13e arrondissement. Il s'agit d'une brasserie d'envergure, cinq fois plus vaste que la maison mère. Elle dispose de 150 places assises et d'une terrasse de 120 places. Dans un quartier différent, l'entrepreneur a adapté l'établissement en l'orientant vers la restauration au déjeuner et vers l'after work, le soir. Il reconnaît qu'après la crise sanitaire, sa brasserie du 13e arrondissement a redémarré moins vite que la maison mère en raison du développement du télétravail qui a pénalisé les restaurants évoluant dans les quartiers de bureau. Aussi, Joël Jondeau s'est remis en question. Tirant parti des expériences de VAE et de livraison mises en place durant le confinement, il a maintenu ces pratiques commerciales dans ses deux restaurants, en liaison avec Deliveroo. Il a fait ainsi livrer une cinquantaine de commandes par jour. Ce chiffre d'affaires non négligeable a permis de réguler l'activité au moment du dîner selon Joël Jondeau : « Les commandes des livraisons affluent surtout les soirs où il pleut ou lorsqu'un événement sportif est retransmis. Or justement, dans ce cas, la clientèle qui se déplace est moins nombreuse. »

www.dupontcafe.fr