La lassitude s’installe

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Jean-Michel Déhais, rédacteur en chef de l’Auvergnat de Paris, revient sur l’actualité de cette semaine, et notamment la fermeture des bars à Paris.

Paradoxalement, nous notons moins de sentiment de révolte lors de la fermeture totale des bars parisiens qu’après l’annonce, la semaine dernière, de l’obligation de clore l’huis à 22 h. Tout en se réjouissant de voir les restaurants poursuivre l’aventure, on peut toujours s’interroger sur ce deux poids-deux mesures. La méfiance quasi atavique que nourrissent les autorités envers les débits de boissons n’est pas morte. Un verre de vin absorbé dans un bar favoriserait-il davantage la contagion que celui que l’on boit dans un restaurant ? D’ailleurs, beaucoup d’observateurs s’accordent à reconnaître que la fameuse étude américaine que le ministre de la Santé brandit pour justifier sa circonspection à l’égard des cafés et restaurants n’a pas plus de valeur scientifique qu’une démonstration des frères Bogdanov. Ne croyons pas non plus que les restaurateurs vont sabrer le champagne en apprenant qu’ils peuvent continuer à travailler. De toute manière, l’effondrement du tourisme, le développement du télétravail, l’abandon des salons et congrès ainsi que la peur ambiante ont écarté une bonne partie de leur clientèle. Ce nouveau tour de vis sanitaire va encore diminuer leur capacité d’accueil. Une lassitude profonde s’installe dans ce métier. Chaque exploitant vit ces évolutions comme un dilemme en espérant que les sanctions subies inverseront réellement la courbe de progression de l’épidémie. Dans ce cas, le Gouvernement aura eu raison et l’activité reprendra doucement. Dans l’hypothèse inverse, leurs sacrifices auront été vains, mais un nouveau chemin de croix les attend.

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