Les nouveaux décors post confinement

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Durant le premier confinement, certains restaurateurs se sont remis en question et ont décidé de transformer leurs décors pour mieux redémarrer. Les plus souvent, ces rénovations s’accompagnent d’une redéfinition générale de l’offre avec, en ligne de mire, des montées en gamme, des adaptations aux différents créneaux de la journée.

Patty, un havre provençal

Au mois de mai 2020, Mathilde et Romain Di Crescenzo ont transformé en totalité un de leurs trois restaurants, l’Entrepôt (Paris 12e), pour le doter d’une nouvelle enseigne Patty. Le confinement a simplement retardé d’un mois le démarrage des travaux. «Le précédent décor réalisé par Pierre Canot était très réussi, explique Mathilde. Mais, au bout de 15 ans, il était temps de changer. Surtout nous sommes situés au beau milieu d’un univers de béton. J’ai voulu réaliser un décor de vacances, attractif avec une forte touche provençale.» La décoratrice Emma Roux et l’architecte, Christopher Matignon, ont réalisé ce nouveau décor qui s’articule autour d’un comptoir dont la façade a été habillée de tommettes et dont la piste est réalisée en pierre de lave bleu électrique. L’extraction du faux plafond a libéré d’un volume conséquent qu’il a fallu combler avec de longs abat-jour en lin mais aussi de vastes étagères à verres qui permettent également de dissimuler partiellement la cuisine ouverte. Cette métamorphose s’est accompagnée d’un changement de chef, de carte. 10 places assises ont été sacrifiées pour donner plus de confort. A l’ouverture en septembre, le ticket moyen a grimpé de 3 € et malgré le contexte, les hausses de fréquentation étaient très encourageantes. Cette transformation va aussi permettre d’ouvrir jusqu’à minuit ce restaurant qui fermait  auparavant à 21 h.

157 rue de Bercy, Paris 75012 – Tél. : 01 43 43 17 33

80 places assises en terrasse et 80 en salle / Ticket moyen : 26 €

Le Printanier, montée en gamme

Etablissement situé dans une artère commerciale fréquentée proche des grands magasins, Le Printanier n’avait pas réalisé de travaux depuis 25 ans. Sa propriétaire, Marie Long, a décidé d’entreprendre ce chantier à la fin de l’année dernière. Ayant pu acquérir, un local contigu, elle a profité de cette rénovation conduite par Michael Malapert pour procéder à une extension. L’architecte d’intérieur a d’abord été confronté à des problèmes d’agencement. «Outre les questions de mise aux normes, explique-t-il, nous avons déplacé la cuisine dans le fond de l’établissement. Nous n’avons pas gagné de places assises, mais nous avons accentué le confort des clients. Enfin ce restaurant est conçu en longueur, sur près de 40 mètres.» Pour briser cette impression de corridor, l’architecte a segmenté l’espace avec le décor, mais aussi en traitant différemment les revêtements de sol selon les zones (résine, parquet, mosaïque). Le printemps sert de thème conducteur au décor. Des luminaires oiseaux de chez Moooi ponctuent les espaces. L’utilisation de matières naturelles a été privilégiée. Car cette rénovation a aussi été réalisée avec l’idée de faire monter en gamme un établissement qui propose désormais une cuisine plus élaborée. Une prestation imaginée en direction de la clientèle des grands magasins. Aussi la conception de la terrasse a été abordée avec soin particulier pour afficher cette différence dès l’extérieur avec des chaises sur mesure de chez Gatti ou encore un store imprimé sous la toile avec un motif floral.

60 Rue de Caumartin, 75009 Paris – Tél : 01 48 74 16 00

100 places assises en terrasse et 80 en salle

Kitchen Galerie Bis, la cuisine est un art

Ouvert en 2009, Kitchen Galerie Bis (Paris 6e), abrégé KGB, le deuxième restaurant du chef étoilé William Ledeuil, après Ze Kitchen Galerie, reprend la même ambiance de galerie d’art. L’établissement a subi un incendie en 2019 et a été entièrement rénové durant les quatre mois de fermeture qui ont suivi. Cette décoration n’a été que légèrement revisitée. «Le restaurant a conservé son âme, il arbore toujours les mêmes tableaux qui ont été restaurés. Mais on a changé les banquettes et on a gardé le mobilier qu’on a fait repeindre», détaille Martin Maumet, chef depuis cinq ans et associé depuis cette année. Ainsi, les banquettes rouges côtoient les toiles colorées de Daniel Humair, Tony Soulié ou encore Jacques Bosser. Celles-ci constrastent avec les murs immaculés de blanc. Les longs luminaires suspendus, épurés, le parquet et les larges ouvertures permettant à la lumière d’inonder la salle offrent un cadre contemporain. «C’est un style qui nous plaisait, qui est assez intemporel, avance Martin Maumet, justifiant la conservation de la décoration. Le fait aussi d’être un restaurant qui fait partie d’un quartier de galeries a joué dans ce choix». La cuisine proposée, avec un côté asiatique et végétal, peut «faire référence à des tableaux. On présente des assiettes pleines de couleurs. Il y a toute une palette aromatique et des visuels». Le chef conclut : «Dans un restaurant, tout est important, il faut que la cuisine soit bonne, que le service soit bon et que l’atmosphère soit en adéquation avec ce qu’on propose. Mais les gens viennent quand même en priorité pour bien manger.»

25 rue des Grands Augustins, Paris 75006 – Tél. : 01 46 33 00 85

Brigade du Tigre, l’Asie au bistrot

Après avoir lancé son restaurant Eels, Adrien Ferrand a choisi de s’associer avec son meilleur ami Galien Emery pour ouvrir Brigade du Tigre (Paris 10e), inauguré le 7 octobre dernier. Pour la décoration de l’établissement à la cuisine d’inspiration asiatique, les créateurs n’ont pas voulu tomber dans la facilité. «Le but était de ne pas faire une décoration de restaurant asiatique parce qu’on avait envie que cela ressemble plutôt à un bistrot contemporain”, explique Adrien Ferrand. On a donc acheté du mobilier de bistrot des années 1980-1990 : les chaises, les tables, les consoles. On a quelques objets de décoration asiatiques, plutôt coloniaux ou impériaux avec des superbes vases rouges, dorés. On y a ajouté une touche très contemporaine avec un luminaire style galerie d’art. Aussi, des posters d’affiches de films qu’on aime bien, comme à l’ancienne dans les bistrots parisiens.» Les propriétaires se sont principalement servis des murs comme éléments de décoration, leur cachet ayant été découvert par hasard lors des importants travaux entrepris. «C’est un local dans lequel on travaillait la fourrure et le cuir. Il n’y avait vraiment rien, c’était une boîte blanche. Chaque jour durant la phase de démolition, on découvrait un mur en pierres, en briques. On a gardé la plupart de ces murs complètement bruts. L’épine dorsale du décor repose sur la beauté brute de ces murs.»

38 rue du Faubourg Poissonnière, Paris 75010 – Tél. : 01 45 81 51 56

                                                                                                                                                                 ©GeraldineMartens

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